A ceux qui voteront pour la première fois, comment définiriez-vous votre syndicat ?
FSU est un syndicat à vocation majoritaire, c’est-à-dire que nous préférons construire des solutions partagées par le plus grand monde. Il a par ailleurs un fonctionnement démocratique : nous consultons régulièrement nos syndicats et les collègues. C’est enfin une organisation de lutte et de transformation sociale : nous raccrochons nos revendications métiers à d’autres, plus larges. Pour nous, par exemple, l’écologie passe par la rénovation thermique des bâtiments publics, qui permet aussi un bien-être au travail.
Qu’est-ce qui vous différencie des autres syndicats de la territoriale ?
Nous essayons de marcher sur nos deux jambes : l’une est notre rôle de représentants du personnel dans les instances, l’autre est celui de construire un rapport de forces avec les employeurs et de mener l’action avec les collègues (par des grèves, des pétitions, etc). Nous essayons de trouver des synergies : un mouvement d’ampleur nous donne plus de force et de légitimité pour négocier et, en cas de blocage, nous essayons de mobiliser pour donner plus de poids à notre parole dans les instances – sans pour autant dénigrer celles-ci.
Lors des dernières élections professionnelles, vous aviez raté de peu des sièges au Conseil supérieur de la fonction publique territoriale. Est-ce pour vous primordial d’en obtenir cette année ?
Primordial, je ne sais pas : cela ne nous a pas empêché, depuis 4 ans, de gagner de nouveaux adhérents et de nouvelles implantations. Mais c’est important, car cela nous permettrait d’affirmer explicitement notre représentativité nationale et de pouvoir intervenir sur des projets de textes assez tôt dans le processus. Informer les agents de ce qui se trame permet de construire une mobilisation le cas échéant. Enfin cela renforcerait la reconnaissance de la représentativité de notre fédération sur les trois versants.
Quelles revendications souhaiteriez-vous pour les agents territoriaux au niveau national, c’est-à-dire au CSFPT ?
Notre première revendication est salariale. Nous demandons une revalorisation du point d’indice au-delà de 3,5 % car l’inflation va être de 10% sur 2022, sans parler de la perte de pouvoir d’achat depuis 20 ans. Autre revendication : l’égalité femmes-hommes, avec la revalorisation des grilles des filières médico-sociales et de toutes celles qui sont très féminisées. Pour nous, cela devrait être aussi un moyen de reconnaitre la pénibilité et la technicité de certains métiers. Le salaire est également une porte d’entrée vers d’autres revendications, comme la revalorisation des pensions de retraite. Enfin, il permet d’être investi et de trouver du sens, ce qui en fait un enjeu de service public.
Comment appréhendez-vous la fusion des instances de dialogue social ?
Nous sommes inquiets : dans les collectivités de moins de 300 agents, la création de la formation spécialisée en santé-sécurité est laissée au bon vouloir de l’employeur. La fusion implique en outre un nombre réduit d’élus syndicaux, qui vont donc être plus chargés de dossiers administratifs qu’aujourd’hui. Ils auront moins la capacité d’aller sur le terrain. Cette crainte est confortée par le bilan de la même évolution dans le privé, qui montre que les élus du personnel sont débordés et sortent de leur rôle en devenant des « DRH bis ». Mais nous ne sommes pas fatalistes : construire une mobilisation peut permettre de peser sur le travail dans les instances.
S’agissant du taux de participation, vu le contexte, pressentez-vous un regain pour le vote ?
Il y a des éléments contradictoires dans le contexte actuel. Depuis la fin des confinements de 2020, on a vu un regain d’activité syndicale, notamment dans les collectivités passées à 1 607 heures. On observe une grande colère chez les collègues et le retour à une capacité à se mobiliser localement est porteur d’espoir. Mais il y a aussi une certaine amertume qui peut conduire certains à se détacher, même si nous avons eu des luttes victorieuses. Enfin, les collectivités se jettent de plus en plus sur le vote électronique, qui est un peu compliqué pour certains agents. Je pense que le but est d’affaiblir les syndicats, en montrant qu’ils ne sont pas légitimes.
Cet article fait partie du Dossier
Les élections professionnelles 2022 ouvrent une nouvelle ère du dialogue social
Sommaire du dossier
- Dialogue social : du bout des lèvres
- Elections professionnelles : le vote électronique n’a pas favorisé la participation
- Élections professionnelles : participation en berne et chassé-croisé des organisations syndicales
- Aux urnes, fonctionnaires !
- Elections professionnelles : consultez les résultats dans les collectivités
- Stanislas Guerini : « Nous avons besoin d’un dialogue social fort »
- Mobilisation générale pour retrouver le chemin des urnes
- Élections professionnelles : vigilance de tous les instants sur le vote électronique
- Élections professionnelles : « La CGT ne négocie pas les reculs sociaux »
- Elections professionnelles : « La CFDT sait montrer ses lignes oranges »
- Élections professionnelles : « FO ne confond pas négociation et concertation »
- Élections professionnelles : « l’Unsa utilise systématiquement son droit à l’amendement »
- Élections professionnelles : « Il est important que les apprentis se mobilisent »
- Élections professionnelles : « Solidaires-Sud préfère le travail quotidien sur le terrain »
- Élections professionnelles : « La FSU raccroche ses revendications métiers à d’autres, plus larges »
- Élections professionnelles : « Le SNDGCT milite pour la reconnaissance statutaire des DG »
- Élections professionnelles : « La FA-FPT privilégie la politique des petits pas »
- Elections professionnelles : opération déminage sur le vote électronique
Thèmes abordés