A ceux qui voteront pour la première fois, comment qualifieriez-vous votre syndicat ?
Ce qui nous définit le mieux : l’Unsa est un syndicat de dialogue. On croit à la force de l’échange pour convaincre. On est capables d’aller sur le front quand il le faut, mais on ne croit pas aux rapports de force : par la discussion, on est en mesure de convaincre les autorités territoriales qu’on a des intérêts communs. L’Unsa territoriaux est une formation jeune, elle a continué à se structurer depuis les dernières élections professionnelles.
Qu’est-ce qui vous différencie des autres syndicats de la territoriale ? En quoi votre conception du dialogue social diffère-t-elle ?
On met en avant notre autonomie. Ce ne sont pas les instances départementales ou régionales qui nous dictent nos postures locales. Nous avons à cette échelle une grande liberté d’organisation et de décision, à partir du moment où nos valeurs de démocratie, solidarité, liberté, humanisme, justice sociale et laïcité sont respectées.
L’Unsa a toujours raisonné en termes de négociation pour l’amélioration de parcours professionnels. Ce sont nos priorités, celles que portent nos militants auprès de leurs employeurs, élus des plus petites communes comme des plus grandes métropoles, et quel que soit le discours politique qui les a fait élire. Ce gouvernement ne cesse de contourner le dialogue social qui nous est cher. En utilisant systématiquement son droit à l’amendement, l’UNSA poursuit son action aux côtés des agents pour faire entendre leurs voix et être force de propositions.
Quelles sont vos revendications pour les territoriaux au niveau national, c’est-à-dire portées au Conseil supérieur de la fonction publique territoriale ?
Au global, il y a notamment cette demande de revalorisation de 10 % du point d’indice. Au niveau territorial, il faut un socle commun aux agents territoriaux s’agissant du Rifseep : un minimum de régime indemnitaire pour toutes les collectivités, un minimum de garantie. C’est un moyen de compenser la faiblesse des grilles indiciaires. Il n’est pas normal que cela soit faible à certains endroits, voire qu’il n’y en ait pas du tout. Côté protection sociale complémentaire, on aimerait que les employeurs territoriaux aillent plus vite que les dates butoirs fixées par le législateur.
Nous souhaitons aussi que soit donné un droit réel à la reconversion professionnelle. On devrait être beaucoup plus moteur, anticiper les éventuelles évolutions notamment en généralisant les entretiens.
On aimerait qu’une thématique voit le jour : la construction d’une filière autour des métiers de la naissance jusqu’aux études, voire même jusqu’à l’accompagnement des personnes âgées. L’idée serait de repenser la logique de façon a permettre de réelles évolutions de carrières des différents métiers qui vont intervenir dans ces domaines, décloisonner.
Force est de constater que les collectivités ont un gros rôle à jouer dans l’accompagnement éducatif aux côtés des enseignants. Il existe de grosses inégalités territoriales quant à ce quelles peuvent faire, et l’inégalité de moyens induit une inégalité des chances. Ce sujet mérite une large réflexion de la part des employeurs. Les compétences du périscolaire pourraient être interrogées dans ce cadre.
Comment appréhendez-vous la fusion des instances de dialogue social ?
Localement, il faudra faire en sorte qu’on laisse la formation spécialisée [issues de la fusion CHSCT– comités techniques] fonctionner. Il faut y laisser les prérogatives du CHSCT. La questions du temps dont les représentants syndicaux vont disposer va se poser ; elle se pose déjà ! Ce sont des missions très chronophages. A moins d’avoir des personnes qui ne font que les instances, il est compliqué de mener tout de front.
S’agissant du taux de participation, vu le contexte, pressentez-vous un regain pour le vote ?
Nous avons réussi à présenter plus de candidats que les fois d’avant. Mais sur les listes d’émargement, on s’aperçoit que depuis les dernières élections, il y a eu de nombreux départs en retraite. Si on n’arrive pas à convaincre les nouveaux territoriaux à voter, il y aura une chute de la participation.
Il nous faut montrer, localement, ce que l’on a réussi à sauvegarder et ce que l’on a obtenu comme améliorations. Montrer que l’action syndicale est primordiale et lutter contre le pessimisme ambiant.
(*) Eric Coneim, représentant en CAP de catégorie A depuis 2008 au Centre de Gestion de l’Ariège, au CSFPT depuis 2017 et au CNFPT depuis 2019.Cet article fait partie du Dossier
Les élections professionnelles 2022 ouvrent une nouvelle ère du dialogue social
Sommaire du dossier
- Dialogue social : du bout des lèvres
- Elections professionnelles : le vote électronique n’a pas favorisé la participation
- Élections professionnelles : participation en berne et chassé-croisé des organisations syndicales
- Aux urnes, fonctionnaires !
- Elections professionnelles : consultez les résultats dans les collectivités
- Stanislas Guerini : « Nous avons besoin d’un dialogue social fort »
- Mobilisation générale pour retrouver le chemin des urnes
- Élections professionnelles : vigilance de tous les instants sur le vote électronique
- Élections professionnelles : « La CGT ne négocie pas les reculs sociaux »
- Elections professionnelles : « La CFDT sait montrer ses lignes oranges »
- Élections professionnelles : « FO ne confond pas négociation et concertation »
- Élections professionnelles : « l’Unsa utilise systématiquement son droit à l’amendement »
- Élections professionnelles : « Il est important que les apprentis se mobilisent »
- Élections professionnelles : « Solidaires-Sud préfère le travail quotidien sur le terrain »
- Élections professionnelles : « La FSU raccroche ses revendications métiers à d’autres, plus larges »
- Élections professionnelles : « Le SNDGCT milite pour la reconnaissance statutaire des DG »
- Élections professionnelles : « La FA-FPT privilégie la politique des petits pas »
- Elections professionnelles : opération déminage sur le vote électronique
Thèmes abordés