« Je suis favorable aux 80 km/h sur les routes bidirectionnelles nationales et départementales. » Ce tweet publié en décembre 2017 par l’ancien Premier ministre Edouard Philippe lançait l’expérimentation de l’abaissement de la limitation de vitesse de 90 à 80 km/h sur les routes secondaires… ainsi que le mouvement des « gilets jaunes ». Deux ans plus tard, cette mesure impopulaire a été assouplie puisque les départements peuvent, grâce à la loi Mobilités, faire le choix de rétablir la vitesse à 90 km/h sur les routes dont ils ont la gestion. Selon notre comptage réalisé en mars dernier, 27 élus départementaux ont annoncé agir en ce sens, ce qui représente 18 000 kilomètres de routes.
Pour autant, aucun retour en arrière ne semble être envisagé pour le moment, au regard du bilan de l’expérimentation effectué par le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) publié lundi 20 juillet. Voici ce qu’il faut en retenir.
349 vies épargnées
Le Cerema note une baisse très significative du nombre de tués sur le réseau concerné. Ainsi, la baisse du nombre de tués s’élève à 349 sur 20 mois par rapport à la moyenne des 5 années précédentes (2013-2017). Cela représente une baisse de 12% du nombre de tués sur le réseau concerné. Sur le reste du réseau, la mortalité routière a elle augmenté avec + 48 décès.
Allongement du temps de parcours inférieur à la perception des usagers
C’était l’un des arguments porté par les opposants à cette mesure : les ralentissements et l’allongement du temps de parcours. Pour autant, le Cerema n’a pas relevé d’impact sur l’écoulement du trafic. En revanche, un allongement moyen des temps de parcours de 1 seconde par kilomètre a été calculé, par analyse comparée d’un historique de données de véhicules flottants sur trois mois en 2017 et en 2019. Cela correspond pour des trajets de 50 kilomètres à une perte de 50 secondes en semaine. « Un résultat largement inférieur au temps perdu perçu par les usagers, qui ont tendance à surestimer le temps gagné lorsqu’ils roulent vite. En effet, lors des enquêtes réalisées en octobre 2019, les répondants déclaraient perdre plus de 2 minutes pour ce type de trajet », écrivent les auteurs du rapport.
Gain de 700 millions d’euros pour la société
Le Cerema a également réalisé un bilan socio-économique de la mesure qui met en évidence le faible coût d’investissement pour sa mise en œuvre et les résultats positifs en termes de bénéficies sociétaux (diminution de l’accidentalité) par rapport aux coûts sociaux (perte de temps de parcours). Concrètement, les gains financiers produits par la diminution des accidents, la moindre consommation de carburants et la baisse des émissions de CO2, représentent 700 millions d’euros sur une année.
Au final, le Cerema dresse donc un bilan positif même si les auteurs du rapport estiment que « les résultats seraient encore meilleurs avec un plus fort respect des limitations de vitesse ». En effet, « la mesure n’a pas encore pleinement atteint les effets escomptés. En décembre 2019, 58 % des conducteurs de véhicules légers circulaient encore au-dessus de 80 km/h dont 35 % entre 80 et 90 km/h. La progression constante de l’adhésion à la mesure permet d’espérer une amélioration de son respect », notent-ils.
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