« Les vraies causes du crime s’appellent la misère et l’inculture, la rĂ©volte du dĂ©shĂ©ritĂ©, la peur de l’avenir, la haine des autres et la dĂ©testation de soi », a estimĂ© Alexandre Duval-Stalla, avocat et prĂ©sident de « Lire pour en sortir » lors d’une confĂ©rence de presse mercredi 23 septembre Ă Paris.
Il s’agit pour le dĂ©tenu, grâce Ă la lecture, de « prendre possession de sa propre dignitĂ© ». Son association a poussĂ© Ă l’adoption d’un amendement d’HervĂ© Gaymard (LR) Ă la loi de rĂ©forme pĂ©nale, entrĂ© en vigueur le 1er octobre 2014, qui permet d’obtenir des rĂ©ductions de peine supplĂ©mentaires « dans l’apprentissage de la lecture, de l’Ă©criture et du calcul, en participant Ă des activitĂ©s culturelles et notamment de lecture ».
En prison, « 22% des dĂ©tenus ont des difficultĂ©s de lecture très importantes, 30% ont un cursus scolaire court ou ont eu un Ă©chec scolaire, 5% ne parlent pas français et 5 % le parlent de façon rudimentaire », a dĂ©taillĂ© Nathalie Faure, chargĂ©e du dĂ©veloppement culturel Ă la direction de l’administration pĂ©nitentiaire.
« La lecture donne une grande autonomie Ă la personne, une libertĂ© de pensĂ©e (…), permet un travail sur soi, sur l’acte qu’on a commis », a-t-elle estimĂ©, expliquant que le « pari » Ă©tait de « rĂ©duire le risque de rĂ©cidive » et d' »amorcer un processus de transformation de la personne ».
Fiche de lecture = réduction de peine
L’initiative a dĂ©butĂ© Ă Châlons-en-Champagne en juin, avec plus de 50 personnes inscrites et devrait s’Ă©tendre aux Ă©tablissements pĂ©nitentiaires de Mont-de-Marsan, Nice, Longuenesse, Fresnes et Albi. Sur son site internet, l’association explique rechercher des bĂ©nĂ©voles (appartenant ou non au Secours Catholique) rĂ©sidant sur ces territoires afin de pouvoir organiser et suivre le programme de lecture.
Les dĂ©tenus choisissent un livre et rĂ©alisent une fiche de lecture, rĂ©pondant Ă des questions sur l’auteur et le livre, notant quelques citations marquantes, livrant leurs rĂ©flexions sur l’ouvrage. Les bĂ©nĂ©voles ont notĂ© que leurs choix se portaient sur des livres « extrĂŞmement classiques », d’auteurs comme Balzac ou Flaubert.
A Châlons, une personne condamnĂ©e Ă une courte peine a dĂ©jĂ bĂ©nĂ©ficiĂ© de quelques jours de remise de peine. Cette initiative prend exemple sur un programme lancĂ© en 2009 au BrĂ©sil, « Reembolso a travès de la lectura », qui prĂ©voit de rĂ©duire de 4 jours la peine d’un dĂ©tenu pour chaque livre lu.
La rĂ©forme pĂ©nale, qui entre actuellement en application, implique fortement les associations soutenues par la Chancellerie ou le ministère de la Culture, ainsi que les partenaires locaux de la sĂ©curitĂ© et de la prĂ©vention de la dĂ©linquance. Les collectivitĂ©s territoriales sont en effet invitĂ©es Ă soutenir toutes actions destinĂ©es Ă rĂ©insĂ©rer les dĂ©tenus afin d’Ă©viter qu’ils ne rechutent, qu’il s’agisse de programmes associatifs, de travaux d’intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral ou de chantiers extĂ©rieurs.



