Alors que plusieurs milliers de policiers municipaux manifestaient dans une quinzaine de villes pour faire valoir leurs revendications sociales, le président de l’Association des maires de France (AMF), Jacques Pélissard a annoncé, le 1er juin, « qu’il entendait poursuivre le dialogue ».
Lors d’une réunion avec des représentants syndicaux de la police municipale (CGT, CFDT, FO, SNPM-CFTC, UNSA, FA-FPT), il s’est déclaré « ouvert à une discussion portant sur l’établissement d’un plancher de l’indemnité spécifique de fonction ».
Il a notamment indiqué « qu’un questionnaire allait parvenir à l’attention des 3 500 employeurs communaux et intercommunaux de policiers municipaux pour connaître leur position » sur la question du régime indemnitaire. Une synthèse de ces questionnaires sera présentée au bureau de l’AMF du 24 juin.
Toutefois, le président de l’AMF a rappelé « l’hétérogénéité des situations d’emplois dans les 3 500 communes qui disposent d’une police municipale et qui rendent délicate l’édiction de mesures sociales obligatoires et uniformes ». Sur la question du régime des retraites des policiers municipaux, en revanche, Jacques Pélissard a indiqué « qu’elle ne pouvait se traiter indépendamment de la réforme des retraites engagée par le gouvernement ».
« Mensonges et contre vérités » selon Jacques Pélissard
Par ailleurs, sur la question des missions des policiers municipaux, le président de l’AMF est revenu sur ses propos prononcés le 28 mai, qui lui avaient valu une bronca des syndicats.
Selon le SNPM-CFTC, le président de l’AMF aurait déclaré, lors d’une réunion consacrée au volet social de la profession, que « la police municipale n’était là que pour faire du stationnement, que l’Etat ne devait nullement imposer aux maires les missions de la police municipale et que la seule police armée devait être la Police d’Etat. »
Un discours jugé « inacceptable » par les syndicats qui avaient alors quitté la table des discussions et appelé au maintien de la grève du 1er juin.
De son côté, le SNPM, très virulent depuis la mort tragique, le 20 mai, d’une jeune policière municipale lors d’une fusillade sur l’autoroute A4, avait dénoncé des « propos honteux démontrant un profond manque de respect pour nos collègues tués en service ».
Dans un courrier daté du 1er juin adressé au président du SNPM et dont la Gazette a pris connaissance, Jacques Pélissard déplore « mensonges et contre-vérités » et réfute les accusations de ce syndicat.
Il rappelle que le propos tenu visait l’exemple de la ville dont il est le maire, Lons-le-Saulnier. Il rappelle qu’il n’y a pas « une police municipale mais des polices municipales avec une hétérogénéité de situations en fonction des territoires municipaux » et que « les missions de sécurité publique relèvent d’abord des prérogatives de la police ou de la gendarmerie nationales ».
« Le moment de douleur que traverse actuellement la police municipale, l’engagement syndical et la volonté de défendre certaines revendications sociales, ne sauraient aucunement justifier vos postures qui se traduisent par la déformation, l’invention de propos et le dénigrement, dans l’unique but de soulever l’indignation collective » précise-t-il.
Succès de la manifestation
Plus tôt dans la journée, environ 3500 policiers municipaux avaient répondu à l’appel de l’Intersyndicale des policiers municipaux pour exprimer le malaise de la profession et faire valoir leurs revendications sociales.
Ils étaient 600 à Montpellier, 300 à Lille, entre 200 et 400 à Marseille, une centaine à Chalons-en-Champagne, 350 à Nantes, 200 à 300 à Caen, 160 à 300 à Bordeaux, 240 à Orléans, entre 150 et 200 à Strasbourg, une centaine à Toulouse et 250 à Lyon…
Enfin, à Paris, ils étaient entre 300 et 500 rassemblés aux Invalides.
L’appel à manifester avait été lancé de longue date pour dénoncer l’absence de volet social dans les propositions gouvernementales, qui leur ont été soumises en début d’année. Les syndicats accusent également l’AMF de ne pas entrer dans le jeu des négociations.
Réagissant à ce mouvement de grogne, le ministre de l’Intérieur a rappelé que deux réunions avaient déjà eu lieu en fin de semaine dernière. « Le rôle de l’Etat c’est d’offrir un cadre juridique, un cadre légal, qui permette aux policiers municipaux d’accomplir la mission qui leur est confiée par l’autorité municipale », a-t-il déclaré en marge du sommet Afrique-France de Nice.
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