Il y a du monde sur le marché des emprunts aux collectivités locales en ce début d’année. Outre les acteurs traditionnels comme BPCE ou La Banque Postale, s’ajoute désormais l’Agence France Locale (AFL), qui a enfin obtenu le 22 décembre dernier son agrément de la part de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution. Il lui reste maintenant à convaincre les marchés qui lui donneront la note déterminant sa capacité à lever les fonds internationaux dans des bonnes conditions. Lancée en 2013, l’AFL arrive avec quelques mois de retard, mais désormais à contre-cycle.
En effet, aujourd’hui le problème pour les banques n’est pas de trouver de l’argent, mais de l’engager. La hausse de la fiscalité, la baisse des dotations de l’Etat et la mauvaise image de la dette pousse les collectivités à se désendetter, quand les plus grands spécialistes français des finances locales appellent au contraire à recourir à l’emprunt pour préserver le niveau d’investissement local, première victime attendue de la raréfaction actuelle des ressources. L’AFL aura d’autant plus de mal à se faire une place que d’autres acteurs retrouvent des ambitions dans ce marché déjà surabondant.
Un engagement contraignant mais solidaire – C’est le cas par exemple de la banque allemande PBB Deutsche Pfandbriefbank, attirée par le très faible coût du refinancement en France et rebutée par la frilosité des collectivités allemandes à investir ou de la Banque Européenne d’Investissement. Mais c’est la Caisse des Dépôts qui s’est faite le plus remarquer en cette fin d’année avec le battage médiatique de son patron Pierre-René Lemas sur les 20 milliards de liquidités mis à disposition des collectivités, mais dont seuls 4 milliards d’euros ont été effectivement prêtés.
L’AFL n’aura donc pas la partie facile pour réussir son pari de capter un quart du marché d’ici 2020. L’agence a cependant des arguments à défendre, moins économiques que politiques. Avec elle, les collectivités s’inscrivent au prix d’un engagement contraignant mais solidaire dans une stratégie de couverture de risque de « credit crunch » sur le long terme. Pour réussir, il faudra d’abord convaincre à très court terme.
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