Au sein du paisible conseil général du Haut-Rhin, on prenait volontiers le tract tendu à la sortie du travail. Mais l’engagement s’arrêtait souvent là. Un temps révolu. Depuis son combat, à l’hiver dernier, contre la fusion avec le Bas-Rhin et la région Alsace, la section Force Ouvrière enregistre une hausse record du nombre de ses adhérents : de l’ordre de 30 %, d’après son secrétaire général Christophe Odermatt. Le signe, selon la Confédération, d’une inquiétude croissante face au danger de changement d’implantation et de perte d’avantages acquis. En balance dans le Bas-Rhin : le treizième mois.
« Balkanisation » – « La décentralisation à la carte risque de créer des zones de non-droit. La balkanisation de la République est proche », prévient le secrétaire général de Force Ouvrière, Jean-Claude Mailly dans un opuscule (« Il faut sauver le service public » aux éditions Librio) publié avant les élections dans la fonction publique programmées le 4 décembre.
Un propos que les représentants de FO Territoriaux ont prolongé, lors d’une conférence de presse, le 15 octobre. Dans leur viseur : les grandes régions et, en particulier, l’ensemble « XXL » qui regroupera les treize départements du Languedoc-Roussillon et de Midi-Pyrénées. « Les personnels de Montpellier continueront-ils à travailler au bord du Lez ou seront-ils transférés au bord de la Garonne ? », s’alarme Hubert Fleury, chef de file de FO territoriaux au conseil général de l’Hérault.
La confédération ne figure pas parmi les adeptes de la dévitalisation des conseils généraux. « Certains départements n’entretiennent, d’ores et déjà, plus les routes qui seront transférées aux régions », note Christophe Odermatt. « Dans l’Hérault, le futur président de la métropole a bon appétit… Il veut faire grossir le tapis pour qu’il ne reste plus que quelques franges départementales », relève Hubert Fleury.
« Sauce lyonnaise » – Pour FO, les personnels des conseils généraux transférés aux métropoles « vont être mangés à la sauce lyonnaise ». Or, selon la Confédération, les choses se passent particulièrement mal au sein de la métropole de Lyon, où s’imposerait un nivellement par le bas. « Et les DGS des communautés urbaines concernés se retrouvent régulièrement pour imposer un copié-collé de ce qui se fait là-bas », indique-t-on à FO. « Mais nos agents ne sont pas sous sédatif, prévient Hubert Fleury On va ferrailler. En fonction de notre pouvoir d’influence, on peut remasteriser ce projet. »
Force Ouvrière entend, avant tout, défendre le service public communal et départemental de proximité. Aussi, le syndicat ne voit pas forcément d’un bon œil la loi de 1999 sur l’intercommunalité. « On se méfie, glisse Hubert Fleury, des pâtissiers de gauche qui, à chaque fois qu’ils veulent diminuer le millefeuille, ajoutent une couche. »