Une nouvelle fois, c’est le débat public qui en pâtit, les attaques caricaturales des uns justifiant les égoïsmes défensifs des autres ! Car à l’évidence, le discernement devrait conduire chacun à nuancer ses jugements, à distinguer les problèmes, et leurs solutions. Ainsi, par exemple, présenter systématiquement l’emploi public comme un coût, jamais comme un investissement, semble excessif et dangereux.
Excessif, car parfois, souvent même, les fonctionnaires rapportent plus qu’ils ne coûtent. S’il n’est de richesse que d’hommes, encore faut-il que ces derniers soient formés par un système éducatif public performant, doublé d’une formation professionnelle efficace. On en est loin ! « J’ai recruté des éducateurs, chargés du suivi à domicile de jeunes adolescents difficiles qui, sans eux, auraient dû être placés en établissements spécialisés , me racontait récemment Philippe Adnot, président du conseil général de l’Aube. Et bien chaque emploi ainsi créé permettait de réaliser des économies bien supérieures à leur coût, en évitant de créer des places dans les dits établissements ! »
Présenter systématiquement l’emploi public comme un coût est également dangereux : « Cette indexation de la DGF sur la maîtrise par les collectivités de leurs effectifs peut tout simplement conduire à une externalisation des services dont on sait qu’elle est souvent plus coûteuse qu’un fonctionnement performant en régie », rappelle Fabien Fabbri, DGS de Bagneux. Osons un vrai débat, distinguant des agents effectivement en surnombre, et donc peu utiles à la collectivité, de ceux dont les services se révèlent précieux !
En substituant aux anathèmes des évaluations précises des politiques publiques, en introduisant sincérité et « parler vrai » dans le débat public qui en manque si cruellement, l’Etat couperait peut-être l’herbe sous le pied des élus locaux qui ont beau jeu, face aux attaques incessantes dont ils sont victimes, d’adopter eux-mêmes des réflexes défensifs. Tel est le cas du concert d’arguments discutables qui vient de se déchaîner lors du débat autour de la péréquation horizontale. Chacun sait, en l’espèce, que bien des arguments, avancés au nom de l’intérêt général et de l’égalité territoriale ne visaient en réalité qu’à défendre des intérêts catégoriels. Mais comme personne ne décrit jamais les choses telles qu’elles sont, la mauvaise foi a encore de beaux jours devant elle.
Jacques Paquier, rédacteur en chef délégué finances de la gazette des communes