Etablir un premier bilan de ses compétences, suivre des formations pour renforcer celles qui sont fragiles en vue d’obtenir une certification des savoirs et savoir-faire « de base », c’est tout l’objet du dispositif Cléa, qui s’adresse aux employés de tout secteur.
Depuis que le CNFPT a été habilité, en 2021, à le délivrer, une trentaine d’agents territoriaux sans qualification, issus essentiellement de la filière technique ou sanitaire et sociale, et d’une poignée de collectivités, l’ont expérimenté.
Evaluation préalable
Parmi eux, une dizaine a décroché la certification, qui valide la maîtrise de sept domaines de compétences, allant de la communication en français ou aux règles de base de calcul jusqu’à la maîtrise des gestes et postures, des règles d’hygiène, de sécurité et environnementales, en passant par le travail en équipe et en autonomie (1). En tout, le dispositif s’appuie sur un référentiel de 106 compétences.
« Tout agent peut s’inscrire par le biais de sa collectivité. Le Cléa consiste en une première évaluation préalable des acquis, à travers des mises en situation, des cas pratiques et un entretien individuel permettant d’estimer les compétences en français, mathématiques, informatique… » décrit Nathalie Bénard, cheffe de projet au service « évolution et reconversion professionnelle » du CNFPT.
Formations individuelles
Le dossier est transmis à une commission nationale. « Elle délivre la certification si l’ensemble des compétences sont validées. Sinon, un parcours individuel de formation est proposé, avant une évaluation finale », poursuit-elle.
Les collectivités sont parties prenantes de la démarche. « A l’issue de l’évaluation préalable, nous avons positionné les agents sur les formations pressenties par les évaluateurs pour aider ces agents à valider les domaines de compétences manquants. Cela nécessite un accompagnement car il s’agit de formations individuelles, alors que nous pratiquions jusqu’ici des formations statutaires ou de professionnalisation », indique Andrée Pesce, conseillère en formation à la mairie de Marseille.
La démarche étant tripartite, pour le CNFPT, l’enjeu est désormais d’en faire comprendre tout l’intérêt aux employeurs. « Notamment dans le cadre de la Gpeec [(2)], le dispositif vise les agents faiblement qualifiés et à risque d’usure professionnelle, et s’inscrit dans l’esprit de la préparation au reclassement », ajoute Nathalie Bénard.
D’abord expérimenté par cinq délégations du CNFPT, le Cléa est aujourd’hui en cours de déploiement. « Nous sommes en train de former des évaluateurs et une quarantaine sera opérationnelle dans l’ensemble des délégations d’ici à début octobre », précise-t-elle.
Contact : les délégations régionales du CNFPT.
« C’est une façon de gagner en confiance et de se projeter vers d’autres fonctions »
Andrée Pesce, conseillère en formation à la ville de Marseille (17 000 agents, 870 300 hab.)
« Trois agents ont présenté le Cléa. Ils sont tous issus des bureaux municipaux de proximité, par exemple de l’état civil. Parmi eux, deux ont totalement réussi le parcours et décroché le certificat. Pour ces agents, sans diplôme, la démarche s’est traduite par une certaine reconnaissance de leur savoir et de leurs compétences, qui les conduit à avoir une autre représentation d’eux-mêmes et à éprouver une grande fierté. C’est une façon de gagner en confiance pour l’avenir et de se projeter vers d’autres fonctions.
Le Cléa est gagnant pour les agents, confortés dans leurs compétences, et pour les chefs de service, rassurés sur les aptitudes de ceux qui travaillent dans leur équipe ou qu’ils pourraient recruter, ainsi que pour la collectivité, qui voit son personnel gagner en employabilité. »
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Thèmes abordés
Notes
Note 01 (1) www.certificat-clea.fr Retour au texte
Note 02 (2) Gestion prévisionnelle des effectifs, des emplois et des compétences. Retour au texte