« Au regard de la fréquence des feux de forêts et, de manière générale, des catastrophes liées au désordre climatique, nous pensons que la mise en place d’une ligne d’écoute pour les agents territoriaux sera de plus en plus nécessaire », se projette Philippe Molliere, responsable du département Prévention & Gestion du Risque à Mutuelle nationale territoriale (MNT).
Le 25 juillet dernier, la MNT activait pour les collectivités de Gironde une ligne d’écoute dédiée avec RMA (Ressources Mutuelles Assistance), l’assisteur du Groupe VYV dont la MNT est membre. Les flammes, qui ravageaient les pins depuis le 12 juillet, étaient désormais sous contrôle. Mais des agents « ont pu, ou peuvent encore, se sentir stressés, anxieux, parfois seuls ou isolés face à ce drame. » Depuis ce jour, et pour une durée de trois mois, une douzaine de psychologues cliniciens sont à l’écoute d’agents ayant dû quitter leurs domiciles, ou bien traumatisés suite à leurs interventions dans le cadre de leur mission. L’initiative vise au total 21 petites communes, représentant plus de 400 adhérents à la MNT.
C’est en 2021 que la MNT a créé sa ligne d’écoute gratuite pour les événements traumatiques : catastrophes naturelles, catastrophes industrielles localisées, drames humains (suicide au sein du collectif de travail par exemple), attentats, cyberattaques… « Cet été, c’est la première fois qu’on décloisonnait pour les incendies de forêts ». Par la suite, ont été mises en service des lignes d’écoute pour les agents de la Sarthe et du Maine-et-Loire, également victimes des feux de forêt, ainsi que pour les agents de la collectivité de Corse, peu après les virulentes intempéries.
Prise de recul
Pour l’heure, peu d’appels. « D’expérience, on sait que les agents ne ressentent pas immédiatement le besoin de parler, ils sont encore dans l’action, sous la projection médiatique. Ce n’est que lorsque les choses se calment, et qu’ils sont à même de prendre du recul que le besoin est là. » Et la collectivité a elle aussi, très souvent, engagée des actions de son côté. « Le dispositif peut ne pas être encore connu au moments des faits – il est très dépendant du relais qu’en fait la collectivité – et puis l’agent utilise d’autres ressources… »
Pour le responsable du département Prévention & Gestion du Risque, peu importe le nombre d’appels. Ce qui compte, c’est de pouvoir soutenir convenablement la personne qui compose le numéro spécifique communiqué aux collectivités pour transmission aux administrés et aux agents non-adhérents MNT. « Dans le cadre des feux de forêts en Gironde, on pourrait penser que ce sont des agents de Sdis qui s’en saisissent. Il n’en est rien. Les pompiers sont habitués à cela et sont bien accompagnés par leurs employeurs. Ce sont plutôt ceux dont la vie privée a été touchée, de près ou de loin, qui sont la cible. »