En intégrant la lutte contre l’islamisme et le communautarisme au cœur de la mission des préfets, « le gouvernement franchit un cap » estime Frédéric Rose.
Jeudi 28 novembre, le nouveau secrétaire général du comité interministériel de la prévention de la délinquance et de la radicalisation (SG-CIPDR) s’est exprimé à l’occasion d’un séminaire sur ce thème rassemblant tous les préfets, place Beauvau. Quelques heures avant, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, leur avait présenté cette nouvelle stratégie, inscrite dans une circulaire.
« Il y a la lutte contre le terrorisme engagée depuis 2014, la lutte contre la radicalisation violente avec la mise en place notamment des groupes d’évaluation départementaux et l’accompagnement social des personnes en voie de radicalisation mené au sein des Cellules de prévention de la radicalisation et d’accompagnement des familles (CPRAF), a rappelé le secrétaire général du CIPDR. Aujourd’hui c’est une étape supplémentaire. »
Les « comportements contraires à la République » en ligne de mire
Quinze territoires identifiés comme ayant servis de terreau au départ de djihadistes ont fait l’objet d’une attention particulière depuis février 2018. « Les préfets, procureurs, services de l’Etat, acteurs et élus locaux y ont été mobilisés pour mettre en place une action coordonnée afin de déstabiliser la mouvance islamiste et reconstruire le lien et la cohésion sociale avec un renforcement de la présence de l’Etat ».
Un travail « efficace » selon Frédéric Rose, traduit notamment par 1030 contrôles d’établissements recevant du public, et la fermeture de 133 débits de boissons, 13 lieux de culte, 9 établissements culturels et associatifs, 4 écoles. « Sur la base de ces résultats encourageants, l’objectif est d’étendre cette action à l’ensemble du territoire car ces phénomènes ne concernent pas que les quartiers. »
Ainsi, la circulaire, qui n’a pour l’instant pas été rendue publique, fixe le cadre : cibler les atteintes à la cohésion sociale, à la Constitution, aux lois et aux règlements de la République. Il est demandé aux préfets d’être attentifs, de signaler systématiquement les infractions (violences physiques et psychiques, provocation à la discrimination et à la haine, atteinte à la dignité humaine, discrimination à l’embauche, atteinte à l’égalité entre les femmes et les hommes…) et de renforcer les contrôles (réglementation des établissements recevant du public ou d’hygiène, des activités sportives, de l’accueil des mineurs et lutte contre les fraudes).
« Notre angle d’attaque est juridique, souligne Frédéric Rose. On agit sur les comportements dont les actes sont contraires aux principes de la République. »
Citoyenneté et mixité sociale
Dans son discours, le ministre de l’Intérieur a invité les préfets à « être les organisateurs de la réponse concertée de tous les services de l’Etat ». Cela doit passer par la mise en place de cellules départementales des services de l’Etat, en lien avec les groupes d’évaluation départementale, afin d’avoir « une cartographie précise » des lieux à surveiller.
Les préfets doivent aussi agir étroitement avec les autorités judiciaires, l’Education nationale pour veiller à la déscolarisation, et « associer au maximum les acteurs de terrain concernés », notamment les élus locaux. Enfin, il s’agira aussi de travailler sur la citoyenneté et le développement de la mixité sociale, pour améliorer la cohésion sociale.
A noter que le Fonds interministériel de prévention de la délinquance devrait intégrer les actions en lien avec cette nouvelle stratégie.
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