Ambiance lourde pour l’ouverture des 21èmes Entretiens territoriaux de Strasbourg, une semaine après l’attentat du marché de Noël qui a fait cinq morts.
« Notre rassemblement aujourd’hui est aussi une façon d’affirmer notre solidarité avec les strasbourgeois et notre détermination à ne pas reculer devant la violence. (…) Plus que jamais, nous partageons la responsabilité de continuer à faire vivre nos territoires, dans un contexte de sécurité adapté. Nous ne devons pas céder face au terrorisme, ni nous laisser intimider », a asséné François Deluga, le président du Centre nationale de la fonction publique territoriale, devant les 1 300 participants, avant d’entamer une minute de silence en hommage à toutes les victimes.
Peu avant, le directeur général des services de la ville de Strasbourg et de l’eurométropole, Pierre Laplane, avait tenu à remercier « le grand nombre de présents aux ETS ». C’est « un témoignage qui participe à la reconstruction » !
Contexte particulier
Au-delà de l’attentat, le contexte s’avère aussi particulier pour les corps intermédiaires que sont les élus locaux, les agents territoriaux et les organisations syndicales. Le mouvement des « gilets jaunes » bouscule les certitudes. Les annonces présidentielles et la méthode gouvernementale sont loin de rassurer. Les élections professionnelles et l’abstention sèment le doute.
Espérance démocratique
Pour les connaisseurs du terrain que sont les agents territoriaux, les turbulences que connaît le pays, si elles ne constituent pas une surprise, n’en sont pas moins inquiétantes car fortes et aux racines profondes. Le thème des ETS 2018 « Expérience usager : espérance démocratique ? » résonne d’autant.
« Le service public est un facteur de cohésion de notre pays », a rappelé Véronique Robitaillie, directrice de l’Inet (1). Or celui-ci est tout en même temps ébranlé et plébiscité. Tout comme la démocratie.
Le service public local et les corps intermédiaires ont un rôle à jouer.
Pour surmonter cette crise, le service public local et les corps intermédiaires ont un rôle à jouer, assure le président du CNFPT pour qui « les corps intermédiaires proposent un cadre collectif stable qui participe à la pluralité des modes d’expression. En ce sens, ils sont indispensables à une démocratie apaisée. »
La concertation « décidée par l’Etat doit être organisée par l’Etat, les collectivités prendront bien sur leur part de responsabilité, mais pas comme opérateur déconcentré ou sous-traitant de l’Etat ; comme un acteur à part entière. (…) On ne peut à la fois demander aux Maires de France de venir au secours de la majorité et continuer de refuser toute négociation avec les collectivités », a averti François Deluga.
Ajustements, révolution ou gestes marketing ?
La réforme de la fonction publique et les conclusions du rapport de la mission Savatier/Belenet sur le CNFPT et les centres de gestion sont les deux autres grands sujets au cœur des préoccupations des ETS.
L’heure n’est pas encore à l’inquiétude, davantage à l’attente des orientations prises par le gouvernement.
En espérant que les « ajustements » dont la fonction publique a besoin, selon les mots de François Deluga, ne se traduiront pas par une révolution ou des « gestes marketing » qui « auraient comme principale conséquence de mobiliser les près de deux millions de fonctionnaires territoriaux voire l’ensemble des 5 millions d’agents des trois versants de la fonction publique ».
Vigie de l’intérêt général de la FPT et du service public local
« Le CNFPT jouera tout son rôle dans la période de débat qui s’ouvre. Conscient des améliorations encore souhaitables, de la nécessaire poursuite de sa rénovation, mais vigie de l’intérêt général de la fonction publique territoriale et du service public local », a assuré François Deluga.
Dans cette démarche, l’établissement semble avoir trouvé un allier en la Fédération des centres de gestion. Par le passé, les relations entre ces deux piliers de la FPT n’ont pas toujours été au beau fixe. Aujourd’hui, elles paraissent largement apaisées.
En juin dernier, François Deluga avait fait le déplacement au congrès de la Fédération à la Baule. Nouvelle preuve à Strasbourg, le président de la FNCDG, Michel Hiriart, a fait le déplacement. Une première. Pour mieux défendre la fonction publique territoriale ?
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