Le ministre de l’intĂ©rieur est particulièrement attentif Ă la sĂ©curitĂ© dans les lieux de vacances connaissant une forte affluence estivale. Chaque annĂ©e, et l’Ă©tĂ© dernier encore, des « renforts saisonniers » de gendarmes et de policiers, notamment de CRS, sont dĂ©ployĂ©s dans les secteurs les plus touristiques pour renforcer les effectifs locaux des forces de l’ordre et rĂ©pondre aux besoins accrus de sĂ©curitĂ©. L’Etat assume pleinement ses missions rĂ©galiennes de sĂ©curitĂ© des biens et des personnes.
En revanche, la surveillance des plages et le secours aux personnes en difficultĂ© dans le cadre des activitĂ©s de baignade relèvent d’un autre cadre, distinct de la mission de sĂ©curitĂ© des biens et des personnes qui incombe aux forces de police et de gendarmerie nationales. Le code gĂ©nĂ©ral des collectivitĂ©s territoriales dispose en effet que dans les communes riveraines de la mer, la police municipale – dont est chargĂ© le maire – s’exerce sur le rivage de la mer jusqu’Ă la limite des eaux. Ce mĂŞme code prĂ©voit que c’est le maire qui exerce la police des baignades et des activitĂ©s nautiques.
La surveillance des plages et le secours aux personnes en difficultĂ© peuvent ĂŞtre assurĂ©s par tout titulaire d’un brevet national de sĂ©curitĂ© et de sauvetage aquatique. Les missions de surveillance des plages et de secours aux personnes sont d’ailleurs principalement dĂ©volues Ă des sauveteurs civils recrutĂ©s sous contrat par les communes, Ă des personnels des sociĂ©tĂ©s de secours en mer, Ă des agents des services dĂ©partementaux d’incendie et de secours, etc. Si des nageurs-sauveteurs des CRS participent, historiquement, Ă ce dispositif, il ne s’agit pas d’une mission propre des CRS, puisque la police des baignades ne relève ni des missions rĂ©galiennes de l’Etat ni de ses obligations lĂ©gales.
Elle ne requiert en outre aucune qualification judiciaire. C’est la raison pour laquelle une partie des effectifs des CRS assurant ces missions a progressivement Ă©tĂ© remplacĂ©e ces dernières annĂ©es par des personnels « civils ». Par ailleurs, rĂ©pondre aux fortes attentes des Français en matière de sĂ©curitĂ© n’exige pas seulement d’augmenter les effectifs de la police et de la gendarmerie, comme le fait le Gouvernement, mais nĂ©cessite tout autant un emploi optimal des ressources.
Il est donc essentiel de concentrer encore davantage les forces de l’ordre sur leurs missions prioritaires (lutte contre la dĂ©linquance, maintien de l’ordre, etc.). L’Etat doit impĂ©rativement privilĂ©gier son rĂ´le de garant de la sĂ©curitĂ©. L’effort consenti chaque annĂ©e par les CRS en matière de surveillance de la baignade doit donc ĂŞtre adaptĂ© Ă cette exigence. Cette exigence est plus impĂ©rieuse que jamais dans le contexte de risque terroriste Ă©levĂ©, mais aussi de forte pression migratoire, que connaĂ®t le pays. Les forces de l’ordre, dont les CRS, doivent donc ĂŞtre mobilisĂ©es en prioritĂ© sur leurs missions fondamentales. L’investissement de l’Etat n’en demeure pas moins important. De 2010 Ă 2015, le nombre de CRS employĂ©es sur cette mission est ainsi restĂ© stable (environ 460-470 nageurs-sauveteurs des CRS dĂ©ployĂ©s chaque Ă©tĂ©). A l’Ă©tĂ© 2016 encore, il a mobilisĂ© 296 nageurs-sauveteurs des CRS pour concourir Ă la surveillance des plages dans 67 communes. Compte tenu du contexte sĂ©curitaire, ces policiers Ă©taient Ă titre exceptionnel munis de leur arme individuelle.
Le format du dispositif mis en Ĺ“uvre par l’Etat a cependant dĂ» ĂŞtre rĂ©duit pour tenir compte des sollicitations extrĂŞmement fortes qui ont pesĂ© en 2016 sur les forces de l’ordre (Vigipirate, Euro 2016, mouvements sociaux, crise migratoire, etc.) mais aussi pour permettre aux forces de l’ordre, dont les CRS, d’accroĂ®tre leur engagement dans des missions de sĂ©curisation des zones touristiques. Les nageurs-sauveteurs des CRS n’ont donc pu ĂŞtre mis Ă disposition des municipalitĂ©s qu’Ă partir du 20 juillet 2016. Initialement prĂ©vu pour ĂŞtre levĂ© le 22 aoĂ»t 2016, le dispositif a finalement Ă©tĂ© maintenu jusqu’au 29 aoĂ»t, rĂ©pondant ainsi aux fortes attentes des Ă©lus locaux et de la population, dont l’attachement Ă leur prĂ©sence tĂ©moigne de leur soutien et de leur confiance dans la police nationale. Il appartenait aux communes concernĂ©es par ces redĂ©ploiements de prendre les mesures utiles pour assurer, durant la pĂ©riode d’indisponibilitĂ© des CRS, la surveillance des plages et de la baignade, en recourant Ă des personnels qualifiĂ©s.
Le ministre de l’intĂ©rieur avait demandĂ© aux prĂ©fets d’accompagner les maires concernĂ©s par ces redĂ©ploiements d’effectifs afin de les conseiller et de les assister dans la recherche de solutions efficaces. Le renfort apportĂ© par des policiers des compagnies rĂ©publicaines de sĂ©curitĂ© Ă certaines communes littorales en matière de surveillance des baignades et de sauvetage en mer sera reconduit Ă l’Ă©tĂ© 2017. Il le sera toutefois, comme l’an dernier, dans un format limitĂ© afin de ne pas obĂ©rer la capacitĂ© opĂ©rationnelle des CRS et plus globalement le bon accomplissement des missions de police.
A ce stade, sous rĂ©serve de nĂ©cessitĂ©s opĂ©rationnelles qui pourraient apparaĂ®tre, ces personnels devraient ĂŞtre dĂ©ployĂ©s du 6 juillet 2017 au 3 septembre 2017. Il va de soi qu’en cas d’Ă©vĂ©nement grave nĂ©cessitant une mobilisation exceptionnelle des moyens de la police nationale, ce dispositif pourra ĂŞtre suspendu Ă tout moment, avant le dĂ©but de la saison estivale comme pendant. En tout Ă©tat de cause, les moyens mobilisĂ©s en 2017 ne pourront pas dĂ©passer ceux de l’Ă©tĂ© 2016, Ă savoir 296 policiers. Par ailleurs, seules les communes ayant bĂ©nĂ©ficiĂ© en 2016 d’un concours de nageurs-sauveteurs des CRS seront Ă©ligibles Ă un nouveau renfort en 2017.
Pour permettre Ă l’Etat de se concentrer sur ses missions rĂ©galiennes et par consĂ©quent aux policiers d’ĂŞtre engagĂ©s en prioritĂ© sur des missions de sĂ©curisation et de lutte contre la dĂ©linquance, les communes seront encouragĂ©es, chaque fois que possible, Ă mettre en place un dispositif alternatif. Les maires seront assistĂ©s en cela par les prĂ©fets. Au-delĂ des enjeux liĂ©s Ă la nĂ©cessaire mobilisation des forces de police sur leur cĹ“ur de mĂ©tier, des Ă©volutions resteront nĂ©cessaires parce que l’Etat et les communes ne peuvent plus ignorer les recommandations de la Cour des comptes concernant les questions juridiques et budgĂ©taires que pose la mise Ă disposition des communes, par l’Etat, de personnels dont elles ne remboursent pas la rĂ©munĂ©ration. Les collectivitĂ©s locales participent certes Ă l’effort supportĂ© par l’Etat.
Elles lui remboursent le montant des indemnitĂ©s de mission (nuitĂ©es et repas) ainsi que les frais de transport (aller et retour lieu de mission-rĂ©sidence administrative) des CRS. Mais les actuelles modalitĂ©s de facturation sont loin de prendre en compte l’intĂ©gralitĂ© des dĂ©penses rĂ©elles induites (formation initiale et continue des nageurs-sauveteurs, achat de matĂ©riels de secourisme, masse salariale, etc.) et au total les municipalitĂ©s n’assument qu’un cinquième des charges induites par cette mission, qui relève pourtant de leur compĂ©tence lĂ©gale. Il faudra donc approfondir la rĂ©flexion sur les modalitĂ©s de mise Ă disposition des CRS nageurs-sauveteurs.
Cette Ă©volution devra s’engager dans la concertation avec les acteurs locaux, lĂ©gitimement attentifs Ă cette question. Il n’est pas question d’un dĂ©sengagement unilatĂ©ral et brutal de l’Etat ou de faire soudainement peser sur les communes l’intĂ©gralitĂ© du coĂ»t de la mission. Mais, ensemble, l’Etat et les communes doivent rechercher les moyens de progresser vers une organisation plus Ă©quilibrĂ©e de l’exercice de cette mission, dans le respect des responsabilitĂ©s de chacun et du droit, pour parvenir Ă une solution juste, efficace et soutenable, notamment dans le contexte sĂ©curitaire auquel la France fait face et qui doit mobiliser totalement nos forces de police et de gendarmerie.
Références
Question écrite de Sébastien Huygue, n° 100537, JO de l'Assemblée nationale du 28 février 2017
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