Le quotidien des territoriaux a ces derniers mois été envahi par les discours culpabilisants et les rapports officiels, des formules assassines et des propositions d’une solidité toute relative. Dernièrement, le président de la République se disait favorable à une « ouverture des carrières », après avoir qualifié son administration de « trop lente, trop lourde et trop chère ».
Le temps passe, les discours évoluent. En cette année 2015, le propos se fait moins assertif. Exit la peur du déclassement des cadres, les 5 000 postes « économisés » dans les régions, les mobilités « accompagnées », etc. Place à la qualité de vie au travail, avec des objectifs « surréalistes » face aux incertitudes sur le devenir des agents.
L’optimisme s’est substitué à la « rugosité » budgétaire des baisses des dotations de l’Etat. La réforme fait place au lissage dans le temps, aussi bien sur les économies annoncées que sur les réductions d’effectifs devant résulter des mutualisations ou des fusions.
Gérer l’incertitude est possible, mais dans la vérité – Le sort du personnel des régions n’est nullement menacé, et seul un changement d’employeur sera observé. « C’est tout », d’après André Vallini, secrétaire d’Etat à la Réforme territoriale. Pourtant, une mission a opportunément été confiée à un organe associatif, nullement représentatif, avec pour objectif d’apporter un concours à la mise en œuvre d’un texte toujours en discussion au Parlement : une approche singulière de la démocratie sociale, encore déclamée dans la loi du 5 mars 2014, mais qui peine à trouver le chemin du Conseil supérieur de la FPT.
« L’accompagnement social de l’emploi » dans la territoriale fait pourtant son apparition : belle preuve d’optimisme. L’Etat local évoque en Bourgogne un « impact » sur ses cadres et des « conséquences sur les effectifs ». Dans les conseils régionaux, et ailleurs, tout devrait bien aller. Triste constat.
A privilégier les ombres à une réalité difficile, les risques psychosociaux sont déjà perceptibles et, parmi eux, une résignation inquiétante. Gérer l’incertitude est possible, mais dans la vérité, la responsabilité et le courage. A défaut, les décisions de 2016 seront incorrectement préparées, retouchées dans l’urgence, et le bilan humain se mesurera à l’aune d’anticipations travesties ou inappropriées.