L’art de la guerre plutôt que celui du compromis ? Le CFL a choisi d’engager un bras de fer avec le gouvernement pour obtenir une révision de la baisse de 11 milliards d’euros des concours financiers de l’Etat entre 2015 et 2017. Difficile partie dans laquelle s’engage André Laignel, son président, qui n’a pas obtenu, de surcroît, l’unanimité pour la mener lors de la séance plénière du 16 juillet.
« Le gros risque c’est de laisser d’autres personnes décider à notre place », a ainsi objecté la députée Christine Pirès-Beaune (PS, Puy-de-Dôme), membre du CFL, qui s’est abstenue lors du vote comme 4 autres de ses collègues (contre 8 votes favorables). Les élus sont en fait nombreux à ne plus croire à quelque inflexion que ce soit de la part du gouvernement en matière de dotations.
Quel rapport de force ? – Ceux-là sont d’ailleurs passés à l’étape suivante : ils taillent à la hache dans leurs investissements, se lancent dans des schémas de mutualisation, réaménagent leur dette, etc. Plutôt que de « perdre leur temps », ils préfèreraient plus sûrement utiliser leur énergie à rendre les coupes budgétaires les plus indolores possible en travaillant sur les modalités de la répartition de la baisse afin de maîtriser encore un tant soit peu le destin de leur collectivité, sinon leur déclin.
Le rapport de force ne semble donc pas vraiment favorable aux partisans de l’affrontement qui n’ont pour eux qu’une posture de fermeté mais dans les faits aucune marge de manoeuvre. Ce bras de fer déséquilibré avec, d’un côté, l’acier d’un Etat trempé aux exigences bruxelloises et de l’autre le fer blanc des associations d’élus, n’est pourtant pas joué d’avance.
A force d’éviter le dialogue, le gouvernement pourrait bien pousser les plus modérés à rejoindre le camp des insurgés. A cet égard, le comportement de Serge Morvan, le directeur général des collectivités locales, qui, au lieu d’aborder le sujet de la baisse des dotations, a lu durant 90 minutes les 38 pages du bilan de la répartition de la dotation globale de fonctionnement (DGF) pour 2014, devant un comité du CFL médusé, puis franchement agacé, est le signe d’un exécutif, au mieux louvoyant, au pire méprisant.