La métropole du Grand Paris a été adoptée par le Parlement malgré l’opposition des trois quarts des élus locaux concernés et l’incompréhension quasi unanime des territoriaux.
Saurons-nous un jour ce qui a bien pu présider à cette initiative brutale en rupture avec la construction métropolitaine engagée dans un large consensus au sein de Paris métropole ?
Saurons-nous le pourquoi de cet entêtement à maintenir ce texte en l’état, malgré ses incohérences et les critiques qui ont fusé de toutes parts ? Parce que, décidément, oui, ce projet est mauvais et mortifère pour le Grand Paris.
Enchevêtrement invraisemblable – Il est mauvais parce qu’il rejette, dans une nouvelle banlieue, toute l’aire urbaine de la deuxième couronne ! Il est mauvais parce qu’il ignore l’articulation avec les compétences départementales et régionales !
Il est mortifère car il veut établir un Grand Paris, intégré, centralisé, de 7 millions d’habitants en cassant les dynamiques et structures territoriales.
Il conduit à une complexité et un enchevêtrement institutionnels invraisemblables où métropole, région, départements, communes, conseils de territoire, syndicats intercommunaux ou ententes se superposent et s’entrecroisent, induisant de multiples transferts de personnel, des flux financiers incompréhensibles, des « démutualisations » et, au final, une bureaucratisation de la gestion locale.
Et maintenant ? Si ce texte devait être promulgué en l’état, si le Conseil constitutionnel ne trouvait rien à y redire, ce serait à la mission de préfiguration qu’il reviendrait d’étudier la manière de faire fonctionner cette « usine à gaz ». Il nous reste donc à espérer que la raison l’emporte et que le Grand Paris soit remis sur ses pieds, c’est-à-dire fondé sur ses territoires.
Il suffirait de reconnaître la personnalité juridique au conseil de territoire, ce qui éviterait de transférer inutilement plus de 95 % des compétences et personnel des actuels EPCI avec les flux financiers qui les accompagnent ; de démutualiser et de casser de vraies dynamiques territoriales.
La métropole pourrait alors se consacrer à l’exercice des seules compétences d’intérêt métropolitain pour un Grand Paris plus équilibré et plus solidaire. Espérons qu’une adaptation législative finisse par s’imposer pour passer de l’absurde à la rationalité, de l’imbroglio à la cohérence, de la bureaucratie à l’efficacité.