Un sondage de l’institut BVA, publié dans « Les Echos » du 18 novembre, propose d’apporter des réponses simples à une question simple : « pour chacune des mesures suivantes permettant de réaliser des économies dans le budget de l’Etat, dites-moi si vous seriez favorable ou opposé à… ». Suivaient treize propositions.
Dans le tiercé gagnant, en première et troisième positions, deux mesures concernent exclusivement les fonctionnaires : augmenter leur durée de travail pour 66 % des sondés et supprimer des postes pour 56 % ; baisser leurs salaires n’est proposé que par 30 %. De quoi rassurer les 5,5 millions de personnes concernées…
Car il n’est pas certain que les interviewés aient fait la différence entre les fonctionnaires d’Etat, des hôpitaux et des collectivités locales.
Certes, il n’est pas scandaleux de rechercher partout des pistes d’économie possible ; la diminution de la masse salariale de l’Etat, dont la baisse du nombre de fonctionnaires, est une option parmi d’autres, et il est bien entendu légitime d’y réfléchir. Mais ce sondage, comme la plupart des enquêtes de ce type, ne fait pas dans la dentelle : aucune référence à un éventuel projet de société. Comme si, d’emblée, le postulat était qu’il est possible de réduire le nombre de fonctionnaires sans porter atteinte au niveau de service.
Priorité à la découpe – Nouvelle désillusion pour ceux qui avaient encore quelque espoir de redorer un statut en berne et de revaloriser des missions de service public mises à mal. La priorité n’est ni à l’analyse des besoins, ni aux valeurs sociétales, ni au sens de l’action, mais à la découpe.
L’image des fonctionnaires est calamiteuse : ils ne travaillent pas suffisamment et sont bien trop nombreux pour ce qu’il leur est demandé de faire. La facétieuse caricature entretenue par des humoristes s’est transformée en une réalité avérée qu’il devient urgentissime de changer.
Elle est d’autant plus crédible qu’elle est dénoncée en hauts lieux et de l’intérieur, depuis un ministre réclamant jadis une mise au régime drastique d’un éléphantidé préhistorique jusqu’à des fonctionnaires eux-mêmes, sous couvert de romans à visée pamphlétique. Il faudra penser à enfin mettre au travail les infirmiers des hôpitaux, les travailleurs sociaux des départements, les agents de la répression des fraudes, et à inscrire la chasse aux fonctionnaires comme grande cause nationale.
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