Le député-maire UMP de Nice, Christian Estrosi, a répondu le 30 juillet 2013 au ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, qui évoquait la veille une « crise de l’autorité », en l’exhortant à « entendre » policiers, magistrats et élus dans le dossier des gens du voyage.
Répondre à la « crise de l’autorité » – « Nous vivons une crise de l’autorité. La voix des parents, de l’enseignant, du juge, du policier, de l’élu est trop souvent contestée », affirmait le ministre, ancien député-maire d’Evry, dans un entretien publié le 29 juillet par Le Parisien/Aujourd’hui en France.
« Il dit crise de l’autorité. Les magistrats, les policiers, les élus ne sont pas entendus. Il faudrait que ce soit le premier à les entendre », a répliqué sur France 2 Christian Estrosi, jugeant qu' »avec Manuel Valls, le verbe est haut et l’action est basse ».
« Lorsque j’ai des gens du voyage qui déboulent sans droit ni titre sur des terrains de sport (…) et que je fais appel, alors que je suis en règle puisque j’ai une aire d’accueil sur ma commune, au préfet et à la police nationale, eh bien cette police nationale est humiliée parce qu’elle reçoit les ordres du ministère de l’Intérieur de ne pas agir », a-t-il fait valoir.
Réviser la loi – « Je réclame, dès lors que les propos de M. Valls ne sont pas suivis d’actes, (…) que je puisse en tant qu’officier de police judiciaire (…) être aidé par ma police municipale, ce dont je n’ai pas le droit aujourd’hui de par la loi ».
Et l’élu des Alpes-Maritimes de se demander pourquoi, « lorsque les gens du voyage garent mal leurs belles et grosses voitures pour certains d’entre eux sur des terrains de sport qu’ils détruisent (…), on ne pourrait pas saisir immédiatement, sans avoir à faire appel aux tribunaux, simplement sur des constats que nous faisons en tant qu’officiers de police judiciaire, leurs véhicules ».
« Je demande que ce soit possible », a-t-il souligné, appelant par ailleurs le ministère de l’Intérieur à se montrer « intraitable » sur la question des Roms. Christian Estrosi réclame ainsi « qu’on procède immédiatement aux expulsions comme pour tout étranger en situation irrégulière », « qu’il y ait une abrogation » de la circulaire d’août 2012 sur l’accompagnement des opérations d’évacuation de campements illicites et « qu’on refuse l’entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans le périmètre de libre circulation de Schengen ».
Les intentions gouvernementales – Déjà, à la mi-juillet, le député-maire de Nice avait fait polémique en proposant un mode d’emploi aux élus pour faire face aux occupations illégales de terrains par les gens du voyage. Dans son entretien au Parisien/Aujourd’hui en France, Manuel Valls indique « comprendre l’exaspération d’élus ou d’habitants ». Il souligne les « limites de la loi Besson de 2000, qui imposait que les collectivités territoriales disposent d’aires d’accueil adaptées. Treize ans après, cette loi reste lettre morte : 52% des places prévues en aires d’accueil et 30% des aires de grand passage seulement ont été réalisées ». Dans ce contexte, le ministre rappelle qu’une proposition de loi, portée par le député socialiste Dominique Raimbourg, sera défendue cet automne. Ce texte devrait entériner la suppression du livret de circulation des gens du voyage et proposer des mesures coercitives pour inciter à la construction d’aires d’accueil.
« L’Etat veut être aux côtés des élus locaux, leur garantir l’évacuation des campements illicites non seulement s’il y a trouble de l’ordre public mais aussi s’il existe une aire d’accueil proche. Si une ville respecte la loi, alors il faut que l’évacuation intervienne le plus rapidement possible. Par ailleurs, les élus doivent respecter leurs obligations en construisant des aires d’accueil » a précisé le ministre.
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