Dans les mois à venir, l’Association générale des conservateurs de collections publiques de France (AGCCPF) va devoir gérer de gros chantiers importants pour l’avenir de la profession et des institutions muséales. Son président, Eric Blanchegorge, conservateur en chef et directeur des musées de Troyes (Aube), en détaille les enjeux. Après avoir fait le point sur le récolement, il livre l’état de la réflexion de l’AGCCPF sur l’évolution des statuts de conservateur du patrimoine et d’attaché de conservation.
Dans le sillage du rapport « Pêcheur » sur la fonction publique publié en novembre 2013, l’AGCCPF passe en revue les différents cadres d’emploi dans le secteur du patrimoine. Pour ce faire, elle s’est rapprochée des métiers cousins : archivistes et bibliothécaires.
Où en est l’AGCCPF dans sa réflexion sur les statuts de conservateur et d’attaché de conservation ?
Nous nous préoccupons en permanence de l’évolution statutaire, car nous devons être une force de proposition. C’est la raison pour laquelle conservateurs, bibliothécaires et archivistes travaillent ensemble, pour bien montrer que nous ne constituons pas des filières distinctes. Au contraire, nous avons toute légitimité à réclamer qu’elle soit traitée comme les autres, connaisse la même rationalisation, tant dans l’ossature que dans le régime indemnitaire, dans les évolutions de carrière etc.
Nous poursuivons nos échanges avec les archivistes et les bibliothécaires, afin de formuler une position commune, notamment en vue des éventuelles suites qui pourraient être données au rapport « Pêcheur ». Réagir à un rapport comme celui-ci – qui a essayé de proposer un certain nombre d’orientations et de progrès – est une bonne occasion pour assurer la place de nos associations représentatives dans la réflexion.
A quoi cette concertation entre associations a-t-elle principalement abouti ?
Nous sommes favorables à ce que les professionnels des bibliothèques et du patrimoine soient tous dans le même corps, avec chacun sa spécialité, bien entendu. Ce serait une forme de simplification, démarche recommandée par le rapport « Pêcheur ». En janvier dernier, nous avons déjà publié un communiqué commun.
Nous en préparons un autre pour cet automne, qui portera, là encore, sur l’évolution des filières culturelles patrimoniales au regard des recommandations généralistes que fait le rapport « Pêcheur ». Ce nouveau communiqué nous permettra de préciser certaines de nos positions et de réagir à certains commentaires sur le rapport.
Quelles modifications statutaires demandez-vous pour la FPT ?
Tout d’abord, nous souhaitons voir fusionner les statuts de bibliothécaire et d’attaché de conservation, avec leur alignement sur celui d’attaché territorial.
Ensuite, il nous paraît cohérent que les professionnels du patrimoine aient accès à des postes administratifs, voire de direction administrative culturelle, et pas seulement d’institutions. Nous avons toute légitimité pour piloter ce type d’administration. Nous sommes tous des cadres A ou B+ en mesure d’assurer des fonctions de direction… et pas seulement d’identifier des objets du patrimoine ! Ainsi, un conservateur peut très bien exercer les fonctions de directeur des affaires culturelles. Cela doit être pris en compte dans la définition des types de poste qui peuvent être occupés par tel ou tel personnel de tel ou tel statut.
Autre demande : la création, au sein du cadre d’emploi des conservateurs territoriaux pour le patrimoine et les bibliothèques, d’un grade de conservateur équivalent à celui de conservateur général dans la fonction publique d’Etat. Cette fin de carrière-là doit exister pour les conservateurs territoriaux, au moins dans les grandes collectivités. Enfin, nous demandons une révision des quotas qui limitent l’accès des attachés de conservation aux postes de conservateur dans beaucoup de collectivités.(1)
Et quelles sont les principales demandes pour la fonction publique d’Etat ?
D’abord, la création d’un corps de catégorie A pour les agents exerçant des fonctions patrimoniales ou documentaires. Ensuite, la fusion des corps des bibliothécaires et des chargés d’études documentaires, avec un réalignement sur la carrière des attachés d’administration, et, éventuellement, l’extension d’un tel regroupement aux ingénieurs d’études. Ensuite, la fusion du corps des conservateurs généraux avec celui des conservateurs, le généralat devenant la fin de carrière de tout le corps des conservateurs.
Thèmes abordés
Notes
Note 01 la règle des quotas détermine le nombre de postes de conservateur accessibles par promotion interne Retour au texte