Deux semaines après son discours de politique générale devant le Parlement, le nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, déroule sa feuille de route et précise les objectifs de calendrier. Dans un entretien au Parisien du 11 février, il énumère une série de projets de loi que le gouvernement entend présenter, notamment dans le domaine de la sécurité.
D’emblĂ©e, le chef du gouvernement confirme sa volontĂ© de combattre le trafic de stupĂ©fiants. « Nous prĂ©senterons au mois de mars un nouveau plan Anti-Stups qui sera en grande partie tournĂ© vers les villes moyennes qui sont victimes d’un tsunami blanc avec une arrivĂ©e massive de cocaĂŻne qu’elles n’avaient pas connue auparavant ». Concrètement, prĂ©cise-t-il, « on va notamment taper les dealers au porte-monnaie, en donnant la possibilitĂ© de geler et de saisir les avoirs des trafiquants ».
Priorité à la lutte contre les stups
Lors de son discours de politique gĂ©nĂ©rale, Gabriel Attal avait Ă©galement repris l’engagement prĂ©sidentiel d’intensifier les opĂ©rations « places nettes ». L’objectif a Ă©tĂ© rĂ©affirmĂ© le 10 fĂ©vrier Ă Besançon par le ministre de l’IntĂ©rieur, GĂ©rald Darmanin, selon lequel « il y aura entre 10 et 20 » opĂ©rations de ce type par semaine, dont « certaines de très grande ampleur ». D’ores et dĂ©jĂ , a-t-il indiquĂ©, 155 opĂ©rations « places nettes » ont Ă©tĂ© mises en oeuvre depuis quatre mois conduisant à « plus de 1 270 interpellations de trafiquants » ainsi que la saisie de « deux tonnes de drogue », « deux millions d’argent frais » et de « 300 armes, ce qui Ă©voque la militarisation du trafic de drogue ».
Autre prioritĂ© affichĂ©e du Premier ministre : la lutte contre les cambriolages. « Avant les dĂ©parts en grandes vacances, je veux qu’on prĂ©sente une nouvelle stratĂ©gie de lutte contre les cambriolages, un vrai plan « Vie tranquille » pour nos concitoyens » annonce-t-il, car « vivre paisiblement est un droit, peut-ĂŞtre le plus important de tous ».
Le chef du gouvernement revient Ă©galement sur l’ouverture des 238 nouvelles brigades de gendarmerie dans les territoires. « Nous allons continuer leur dĂ©ploiement » assure-t-il. Lors de son discours devant le Parlement, il avait Ă©galement indiquĂ© que des forces d’action rĂ©publicaine allaient ĂŞtre mises sur pied d’ici Ă la fin fĂ©vrier Ă Valence (DrĂ´me), Besançon (Doubs) et Maubeuge (Nord) dans certains quartiers. Des FAR qui mèneront « des actions coordonnĂ©es de tous les services de l’Etat, forces de l’ordre, Ă©ducation, services sociaux, dans certains quartiers ».
Sur la jeunesse, Gabriel Attal s’Ă©tend longuement et dĂ©plore que l’on compte « trop de jeunes en situation de fragilitĂ©, de perte de repères, des syndromes dĂ©pressifs, avec malheureusement parfois des pensĂ©es suicidaires ».
« C’est la grande cause de mon action », annonce-t-il. Au programme : renforcement de la mĂ©decine scolaire, refonte du dispositif « mon soutien psy » pour que les jeunes bĂ©nĂ©ficient « de sĂ©ances chez le psychologue mieux remboursĂ©es par la SĂ©curitĂ© sociale », et attribution d’une prime exceptionnelle de 800 euros pour les infirmiers scolaires et une augmentation de salaire mensuel de 200 euros.
Pour les jeunes qui ne respectent pas les règles, le chef du gouvernement rĂ©itère son intention d’instaurer « des sanctions Ă©ducatives beaucoup plus tĂ´t, sans attendre de convoquer un conseil de discipline ». Et ce, dès l’Ă©cole primaire.
Des internats gratuits expérimentés au printemps
Pour les jeunes en rupture, il confirme lĂ aussi « des mesures sur la justice des mineurs [qui] seront prĂ©sentĂ©es au printemps par le garde des Sceaux, notamment pour adapter nos sanctions aux plus jeunes ». « Lors des Ă©meutes, on a vu des jeunes de 13, 14 ans. Aujourd’hui, on ne peut pas leur appliquer de travaux d’intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral. Il faut penser des mesures Ă©ducatives s’en inspirant, dans le sens de la formule que j’ai employĂ©e : « tu casses, tu rĂ©pares » » souligne-t-il, reprenant les Ă©lĂ©ments de langage de son discours de politique gĂ©nĂ©rale au cours duquel il avait Ă©voquĂ© des « travaux d’intĂ©rĂŞt Ă©ducatif ». et d’annoncer : « Dès le printemps, des dĂ©partements expĂ©rimenteront l’internat gratuit pour certains jeunes Ă la dĂ©rive, sur simple accord des parents. Cela leur donnera un cadre, et les coupera de leurs frĂ©quentations ».
Enfin, s’agissant du grand chantier prĂ©sidentiel sur les Ă©crans, Gabriel Attal estime que « le temps passĂ© sur les Ă©crans fait courir le risque d’un affaissement gĂ©nĂ©ralisĂ© de toute une gĂ©nĂ©ration ». Et, dans le prolongement des dĂ©clarations prĂ©sidentielles, confirme que « des experts travaillent et rendront leurs travaux, qui pourraient par exemple ĂŞtre regroupĂ©s dans un guide du bon usage » avec Ă©galement l’installation en lien les plateformes d’un « verrou numĂ©rique, permettant de garantir qu’aucun mineur de moins de 13 ans ne puisse accĂ©der aux rĂ©seaux sociaux et qu’un mineur entre 13 et 15 ans ne puisse y accĂ©der qu’avec l’accord de ses parents. ». « Cela pourrait aussi passer par l’école : le numĂ©rique est utile quand il apporte une plus-value pĂ©dagogique, pas en simple substitut du papier », prĂ©cise-t-il.
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