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Politique de la ville

La mobilité, l’autre inégalité subie par les quartiers populaires

Publié le 24/07/2023 • Par Auteur associé • dans : Actu prévention sécurité, France

Le quartier prioritaire des Arènes à Toulouse est desservi par un métro, un tram et des bus. L’« enclavement » est-il toujours celui que l’on croit ?
Le quartier prioritaire des Arènes à Toulouse est desservi par un métro, un tram et des bus. L’« enclavement » est-il toujours celui que l’on croit ? Thibault Isambourg
Trois semaines après les violences urbaines qui ont secoué la France, Thibault Isambourg (Université Lumière Lyon 2) ajoute une nouvelle dimension à l'analyse complexe du contexte social des banlieues : ses travaux montrent que les habitants des quartiers populaires subissent également des inégalités en termes de mobilité, ce qui conduit à une situation d'enclavement malgré les nombreux transports en commun dans les agglomérations. La Gazette reproduit son article initialement paru dans The Conversation.

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Thibault Isambourg, Université Lumière Lyon 2

La page Wikipédia des « Émeutes dans les banlieues françaises depuis les années 1970 » s’est encore allongée. Le cycle de violence qui s’est propagé à une échelle nationale fin juin et début juillet vient enrichir celle-ci. Il s’agit d’un phénomène complexe, et aux causes variables suivant les situations urbaines et individuelles. Pris dans sa globalité, ce type d’événement répond à la manifestation d’un mal-être profond.

Et pour cause, les quartiers populaires subissent des inégalités dans de nombreux domaines : leurs habitants sont en moins bonne santé et l’offre de soins dont ils disposent est réduite ; en matière d’éducation, les résultats sont moins bons (notamment au brevet des collèges), les aspirations d’ascension sociale bridées, et les difficultés se cumulent face à des enseignants moins expérimentés qu’ailleurs en France.

La mobilité quotidienne ne fait pas exception, et l’« enclavement » est souvent mis sur la table par les responsables politiques. La politique de la ville, qui vise à la réduction des inégalités urbaines en France, se saisit de la question des transports de manière croissante (à l’exemple du Pacte de Dijon en 2018). Cette politique s’appuie sur un zonage géographique, les quartiers prioritaires de la politique la ville (QPV), anciennes Zones urbaines sensibles (ZUS). Les orientations en sont fixées à l’échelle nationale.

Or, la politique de la ville se fonde pour l’instant sur des études morcelées à l’échelle d’agglomérations et d’idées préconçues – qui ne manquent pas lorsqu’il s’agit des quartiers populaires. En effet, à l’heure actuelle et à notre connaissance, il n’existe aucune étude sur la mobilité dans ces QPV qui soit représentative du territoire français dans son ensemble.

Nous avons ainsi cherché à objectiver quelques-uns des traits de la mobilité dans ces quartiers défavorisés, à une échelle représentative de l’hexagone. Notre étude, qui s’appuie sur les deux dernières éditions (2019 et 2008) des enquêtes nationales de mobilité et compare les enquêtés qui résident dans un zonage de la politique de la ville (QPV ou ZUS) et les autres, démontre l’existence d’inégalités.

Ces résultats montrent, en outre, que l’enclavement des quartiers populaires est multifactoriel, incitant la puissance publique à agir sur plusieurs fronts.

Une sobriété à marche forcée

La durée moyenne porte-à-porte de tous les déplacements est équivalente pour l’ensemble des urbains à  20 minutes en moyenne. Pourtant, on observe des différences notables sur les distances. Bien plus courtes dans les quartiers défavorisés, elles sont synonymes d’une mobilité de proximité. C’est le résultat d’un accès inégalitaire à la vitesse, notamment pour les vitesses les plus rapides. En effet, la vitesse porte-à-porte moyenne, de 22 km/h dans cet échantillon, est d’un tiers plus lente dans les quartiers populaires.

Cette tendance reste liée à l’usage bien moins intensif du mode le plus efficace, c’est-à-dire la voiture (y compris en grande agglomération, comme à Lyon). L’automobile permet en effet de réaliser plus de 6 déplacements sur 10 en milieu urbain, contre moins de 4 sur 10 dans les quartiers prioritaires où l’on use davantage des modes sobres, comme la marche et les transports collectifs.

Si ces disparités s’observaient déjà en 2008, elles se sont creusées en 2019.

Des contraintes diverses

Les inégalités de motorisation sont aussi pointées comme le principal élément explicatif des disparités de mobilité par les études déployées dans les métropoles. Dans notre échantillon, on observe bien une possession significativement disparate de la voiture.

Cependant, les quartiers défavorisés présentent certaines spécificités qui pourraient biaiser l’interprétation. Par exemple, la population y est plus jeune, le chômage davantage présent et les habitants de ces quartiers sont plus nombreux à vivre dans de grandes agglomérations. Or, ces facteurs sont réputés pour accroître les chances de choisir les modes actifs et les transports collectifs.

Nous avons donc développé un modèle statistique qui permet de démêler l’influence propre de chacun de ces facteurs sur le choix des individus. De cette manière, nous neutralisons les biais inhérents à l’étude des quartiers populaires.

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Le résultat de cette modélisation est très net. D’abord, il existe bien de fortes inégalités de motorisation dans les quartiers populaires. Ensuite, ces inégalités expliquent une part importante des spécificités dans le « choix » des modes de transport. Néanmoins, elles sont loin de constituer le seul facteur explicatif de ces différences de mobilité.

En réalité, l’enclavement subi par les habitants des quartiers populaires ne renvoie pas qu’à une simple question de distance, mais bien à un système de contraintes. Outre des facteurs relatifs aux situations individuelles (précarité économique, diversité socioculturelle, fracture numérique, etc.), on sait que l’environnement urbain pénalise la mobilité. Parmi les causes, on peut citer les importantes inégalités d’accès aux ressources de la ville et notamment à l’emploi. L’isolement par les grandes infrastructures qui les quadrillent jouent également un rôle, tout comme les rues moins pourvues en aménagements et plus accidentogènes.

Répondre par les nouveaux contrats de ville ?

La réduction des inégalités dans les quartiers populaires en France reste donc un chantier ouvert. Les propositions avancées pour l’instant par le président de la République, comme la reconstruction des dégâts des émeutes et tenter d’instaurer un « tarif minimum dès la première connerie », n’interviennent pas à la racine du problème.

Les nouveaux contrats de ville, qui doivent entrer en vigueur début 2024 et qui sont actuellement en élaboration, représentent une occasion pour les politiques publiques de proposer une réponse ambitieuse, après la mise à l’écart du Plan Borloo en 2018.

Ces contrats doivent être articulés avec les politiques de mobilité et de ville durable. En effet, nos recherches mettent en évidence que, si les habitants des quartiers défavorisés se déplacent moins loin, ils disposent d’une longueur d’avance en matière de sobriété. Toutefois, il s’agit vraisemblablement d’une sobriété moins choisie que subie.

Celle-ci risque désormais d’être exacerbée par le contexte de double inflation de l’énergie et des contraintes réglementaires. En effet, la généralisation en cours des Zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m) exclue ainsi une partie des agglomérations aux véhicules les plus anciens (et détenus davantage par les plus modestes).

Une connaissance fine des contraintes dans ces quartiers semble donc nécessaire pour éclairer la politique de la ville. Avec son mode de fonctionnement participatif, la commission « participation citoyenne dans les quartiers » formée par le ministre délégué à la Ville et au Logement pourrait apporter des éléments de réponse directement à partir de la vision des habitants.

Il est également primordial d’enrichir l’apport scientifique sur toutes les thématiques présentant un risque d’inégalité (éducation, santé, logement, emploi, sécurité, etc.). En matière de mobilité, pour trouver des solutions efficaces, il s’agira d’étayer un savoir parcellaire, et, surtout, sortir de la vision d’un « enclavement » qui serait uniquement physique.

On pourra réfléchir, par exemple, à comment mieux adapter l’offre de transports publics à ces habitants moins motorisés, et qui exercent des emplois moins qualifiés comme dans la logistique qui recrute aujourd’hui beaucoup d’ouvriers urbains. Pourtant, localisées en périphérie des villes, les entreprises de ce secteur restent moins accessibles en transports collectifs a fortiori en horaires atypiques, alors que le travail en 3×8 y est plus fréquent. Ainsi, les possibilités d’actions concrètes sont diverses et demandent encore à être évaluées.The Conversation

Thibault Isambourg, Doctorant, socioéconomie urbaine et de la mobilité, Laboratoire Aménagement Économie Transport, ENTPE, CNRS, Université Lumière Lyon 2

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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Commentaires

La mobilité, l’autre inégalité subie par les quartiers populaires

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François

25/07/2023 08h58

Bonjour,
J’habite à la campagne dans une commune qui adhère au dispositif zéro chômeur et travaille dans une ville moyenne où le taux de chômage est de 4,5%.
Les jeunes des quartiers sont bien plus mobiles que les jeunes des zones rurales. Les premiers ont des transports en commun qui leur permettent de se déplacer partout où ils le souhaitent, les seconds n’ont pas de transports en commun sauf pour aller à l’école, et là le temps pour s’y rendre est bien plus long qu’en ville… Alors certes les transports en commun ne sont pas adaptés aux 3×8, mais les parents sont, dans leur très grande majorité motorisé et se rendent dans les entreprises industrielles de la Ville. Le vélo ou la marche sont aussi une alternative que j’ai moi-même utilisée quand j’habitais cette ville.
Mais le vrai problème est que ce ne sont pas les adultes qui ont mis le feu et cassé, mais les mineurs. Le gymnase qui est dans le centre du plus grand quartier prioritaire a vu ses portes fracturées des enfants y entrer avec des cocktails mototof. Ce sont les habitants des quartiers, les grands frères, qui sont intervenus pour protéger la salle.
La cause des violences ce n’est pas le manque de transports dans notre ville, les émeutiers sont venus à pied au centre ville. C’est un problème d’absence de repères et de sens donné à la vie. Notre société est devenue une société de l’envie, exacerbée par les messages publicitaires et par l’ambiance générale de morosité véhiculée par les médias. Il suffit d’écouter la radio, de lire un journal (je ne parle pas de la TV je ne l’ai plus depuis plus de 20 ans, je ne saurais en dire quelque chose) pour être confronté à une série de propos déprimants, de critiques parfois au vitriol sur toutes les institutions. Comment mobiliser pour une action positive quand on nous dit que tout va mal et que nos aînés ont mal fait. Un esprit plus constructif serait un bon moyen de fédérer la population au lieu d’opposer les « classes ». Une très grande partie des Français a été très pauvre selon les critères actuels, sans vacances hors de son quartier ou sa campagne, avec des cadeaux modestes pour les très grandes fêtes (un gâteau, un fruit qu’on jugeait exotique : une orange) avec bien souvent ni viande ni fruit, et elle n’a pas tout cassé, surtout pas son patronage ou son foyer de quartier quand il y en avait un… Cette France là (composée de Français de toutes origines) a bossé et elle devenue la « classe moyenne » qui aujourd’hui fait tous les frais des politiques de rigueur et de « justice sociale » pour donner à d’autres ce que leurs parents n’ont pas connu de relative aisance et se faire cracher dessus par certains des bénéficiaires de l’aide, par certains hommes politiques et par certains universitaires bien-pensants.
Alors oui, essayons de retrouver des principes qui donnent envie de bosser ensemble pour notre communauté française, mais aussi pour payer à leur juste prix les objets fabriqués ailleurs et que nous utilisons alors que ceux qui les ont fabriqué ont trimé dans des conditions qui paraîtraient insupportables à nous tous en France.

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