Face à l’ampleur de la crise, les pompiers se mobilisent aux côtés du Samu pour gérer les flux d’appels. Comment se passe la coopération sur le terrain ?
Dans la plupart des départements, les Sdis viennent en appui du 15 pour gérer le flux d’appels, de manière ponctuelle ou durable. Là où les salles d’appel du 15 et du 18 ne sont pas mutualisées, nous envoyons des renforts d’effectifs dans les centres du Samu. C’est notamment le cas dans les Bouches-du-Rhône où des opérateurs mais aussi des médecins pompiers interviennent désormais en soutien auprès du 15.
Cette coopération est évidemment encore plus facile à mettre en œuvre dans les départements qui disposent de plate-forme commune. Dans l’Hérault, par exemple, où le 15 et le 18 partagent les mêmes locaux, cette entraide est déjà inscrite dans les habitudes. D’autres départements, comme le Tarn-et-Garonne ou l’Ariège, vont encore plus loin dans la coopération puisque quand vous appelez le 15, le 18 ou le 112, vous tombez indifféremment sur un opérateur du Sdis ou du Samu, ce qui permet de gérer au mieux les sur-sollicitations.
Cette crise repose donc la question du numéro unique, et plus largement de la coopération des différents services de santé ?
Bien sûr. Et il y aura un avant et un après Covid19. La problématique, on le voit bien, ce ne sont pas les hommes, mais l’organisation de notre système de santé qui n’est plus en capacité d’absorber les flux en temps de crise. Le président de la République l’a dit lundi soir dans son allocution : « Nous sommes en guerre ». Et, comme en temps de guerre, aujourd’hui, sur le terrain, c’est l’union sacrée. Tous les acteurs _bleus (sécurité), blancs (santé) et rouges (pompiers)- sont au front.
Au-delà des pompiers et du Samu, il y a aussi les médecins généralistes, les infirmiers, les pharmaciens… Et cette crise révèle l’importance de de nos besoins en santé de proximité. Il va donc falloir repenser l’organisation de notre système de santé dans son ensemble, et notamment le 112, ce numéro unique qui doit répondre aux urgences et réunir les compétences bleu/blanc/rouge.
Les sapeurs-pompiers sont, comme d’autres professions, exposés au risque de contracter le coronavirus lors de leurs interventions. Quelles sont les précautions prises ?
Nous suivons les recommandations émises par le ministère de la santé. La crise est désormais gérée au niveau interministériel, sous l’égide du Premier ministre. Les pompiers, Emmanuel Macron l’a rappelé, sont inclus dans le dispositif de lutte contre l’épidémie. A ce titre, nous pouvons disposer des masques réquisitionnés pour l’ensemble des professionnels de santé, nos personnels peuvent bénéficier des dispositifs de garde d‘enfants pour assurer la continuité du service public… Concrètement, sur le terrain, les pompiers sont déjà sensibilisés au fait qu’une victime peut potentiellement être porteuse d’une maladie qui peut les contaminer, que ce soit la grippe, le VIH… Désormais, ils ont aussi en tête le Covid19. Concrètement, ils sortent désormais systématiquement avec des gants et, en fonction du risque, ils adoptent des protections graduées (lunettes, charlotte, blouse, masque FFP2). Lorsque nous venons en soutien au Samu, ce qui est de plus en plus souvent le cas, nous utilisons des véhicules dédiés au Covid19, qui sont ensuite désinfectées selon des procédures très strictes.
Comment se portent les sapeurs-pompiers aujourd’hui ?
Le moral des troupes est bon et, jusqu’à présent, le nombre de cas avérés reste marginal et ne suscite pas d’inquiétude particulière. Les propos d’Emmanuel Macron, dans son allocution lundi, ont donné du courage aux hommes. Ils ont été à la hauteur de ce que nous attendions. Le président de la République a salué le travail des pompiers, ce qui est une reconnaissance de notre travail.
L’annonce d’un confinement pendant 15 jours a aussi été saluée. Au-delà de l’effet indéniable sur le ralentissement de la progression de l’épidémie, le confinement entraîne une diminution des accidents, ce qui va nous permettre de nous consacrer plus encore à la gestion du coronavirus. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que 80 % des pompiers sont des pompiers volontaires. Le confinement va leur permettre de rejoindre leurs casernes. On le voit, nous sommes tous mobilisés derrière le Président de la République pour lutter contre ce fléau.
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