« L’islamisme est une idéologie contemporaine puissante mais mal connue », constate l’essayiste Hakim El Karoui dans un rapport de l’Institut Montaigne publié dimanche 9 septembre. L’auteur de plusieurs ouvrages sur la question examine les processus de réception des idées et des marqueurs islamistes en France et en Europe. Une grande partie de l’ouvrage retrace la généalogie de cette idéologie à l’échelle internationale et se penche également sur son importance en France.
Les foyers de l’islamisme
Il estime que le salafisme militant concerne « environ 15 000 à 20 000 personnes en France, sur une population relativement jeune et trouve un terrain de diffusion particulièrement propice dans les anciennes ‘banlieues rouges' ». Son développement « s’est historiquement concentré dans des villes connaissant un contexte socio-économique précaire », notamment dans les anciens bassins industriels de l’après-guerre et dans les périphéries de grandes villes.
Hakim El Karoui donne ainsi l’exemple de la ville de Roubaix, qui fait aujourd’hui partie des villes les plus pauvres de France et qui a connu une douzaine de départs en Syrie. Il souligne par ailleurs que « les foyers d’islamisme comme les villes de Trappes, Roubaix, Clichy-sous-Bois, Aubervilliers, Marseille ou encore Strasbourg font partie des zones franches urbaines (ZFU) » répondant à des critères comme le taux de chômage, la proportion de jeunes, proportion de personnes avec ou sans diplôme et le potentiel fiscal par habitant. Pour l’auteur, c’est dans ces zones défavorisées où « l’État peine à dynamiser que la diffusion de l’islamisme s’effectue le mieux ».
Il précise cependant que l’expansion islamiste ne se limite pas à ces quartiers des grandes villes et prend l’exemple de Lunel, qui « ne fait pas partie de ces ZFU et connaît pourtant un grand nombre de radicalisés ».
Face à l’islamisme, l’auteur préconise notamment de « mobiliser le ministère de l’Éducation nationale pour former les cadres et les enseignants à la laïcité », encourage le développement de l’apprentissage de l’arabe à l’école publique et à la création d’une « taxe halal ». Il incite aussi l’État à « mieux s’organiser pour savoir précisément ce qu’il se passe, au-delà des questions liées directement à la sécurité et à l’ordre public ».
Références
Thèmes abordés