Partir à la reconquête du 1 %. C’est le mot d’ordre que se sont données FO, la CGT, la FA-FP et l’Unsa pour les prochaines semaines. Il y a urgence : la situation financière du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT), déjà préoccupante, pourrait bientôt s’envenimer.
Avec « moins de rentrées financières (-35 millions d’euros chaque année, soit 10% du budget du CNFPT) depuis le passage au taux de cotisation à 0,9% en 2016, il y a actuellement moins d’offres de formation qu’auparavant », explique Christophe Couderc, vice-président (CGT) de l’établissement. Ce dernier ne possède « plus aucun fonds de roulement ;il est aujourd’hui obligé d’emprunter pour garantir son propre fonctionnement ».
Un budget en baisse alors que la formation va devenir incontournable
La masse salariale baissant dans les collectivités, le budget du CNFPT s’apprête à suivre la même courbe, alerte Dominique Régnier, administrateur FO au CNFPT. Or, la formation des agents va être essentielle pour accompagner la réforme de la fonction publique qu’envisage le gouvernement. Certaines collectivités territoriales pourraient alors se tourner vers des organisations privées pour former leurs agents.
FO, CGT, FA-FP et Unsa lisent aussi avec méfiance la partie « formation professionnelle » du projet de loi « liberté de choisir son avenir professionnel ». « Le gouvernement compte remplacer le droit à des heures de formation par sa ‘monétisation’ : la capacité à se former serait déterminée par la capacité à payer le coût de la formation », résume Dominique Régnier. Pour l’heure, ces mesures ne concernent que le secteur privé, « mais on a pris pour habitude que ce qui s’y applique ne tarde pas à toucher la fonction publique », remarque Christophe Couderc. En cela, « la solidarité et l’égalité d’accès des agents à la formation professionnelle sont menacées », selon Caroline Charruyer (FA-FP).
Ces prochains jours, les quatre syndicats entendent sensibiliser les agents et les inciter à signer la pétition en ligne depuis l’an dernier, interpeller les groupes parlementaires ainsi que le secrétaire d’État en charge de la Fonction publique sur le besoin d’un retour, « a minima », au taux de cotisation à 1%.
Chantal Gosselin fait savoir à la Gazette des communes que la CFDT ne s’est pas ralliée aux autres organisations syndicales car elle « ne souhaite pas un retour au 1% comme il existait auparavant, mais plutôt que soit adossé à ce taux de cotisation un fonds paritaire de type ‘Fongecif'[pour « Fonds de gestion des congés individuels de formation, ndlr] : cela faciliterait les véritables reconversions professionnelles ».
Évaluation de la formation en distanciel
Le CNFPT s’est engagé en début d’année sur la formation en distanciel. Les syndicats y voient plus de points négatifs que de points positifs. Pour Christophe Couderc, cela « remet en cause la mixité des stagiaires » et « il n’y a pas de garanties que la formation se fera sur le temps de travail ». Par ailleurs, les agents se situant en « zone blanche » risquent de rencontrer des difficultés pour se former dans de bonnes conditions. Les syndicats ont donc demandé une évaluation continue de la numérisation de l’offre de la formation du CNFPT. Un premier bilan devrait être présenté en septembre 2018, indique Hélène Broc, présidente du conseil national d’orientation du CNFPT.