“Respecter, former, écouter et négocier” sont les incontournables de cette politique de ressources humaines innovante, qui nécessite une volonté de se mettre autour d’une table sans attendre qu’une partie prenne l’ascendant sur l’autre. “On a besoin des syndicats les plus forts et les plus représentatifs possible” a assené l’adjointe déléguée aux ressources humaines suresnoise, Béatrice de Lavalette (également conseillère régionale d’Ile de France), en préambule des cinquièmes rencontres du dialogue social qui se sont tenues le 12 octobre dans la ville de Suresnes (Hauts-de-Seine). Le premier magistrat Christian Dupuy (LR) s’est réjoui que ce “temps fort de la rentrée sociale révèle une réalité positive et témoigne de pratiques de terrain.” Face au maire revendiquant “une pratique du dialogue social apaisé et constructif”, le représentant de la CGT, Xavier Casse a vanté la nécessaire écoute des salariés plutôt que rester arcbouté sur ses revendications de base. Initialement opposée à l’ouverture de la médiathèque le dimanche, la CGT a entendu la demande des agents volontaires et accepté, en faisant “confiance au dialogue social engagé depuis 2008, pour trouver des accords dans l’intérêt des salariés.”
Le bien-être au travail c’est ça aussi
“Nous ne sommes pas assez dans une société de confiance, l’esprit de suspicion est facilement présent”, a confié Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale pour qui le mot-clé de la confiance, est celui “des pays qui vont bien.” Et parce qu’il n’est pas du domaine philosophique mais du concret, il fait passer cette notion “aux acteurs de terrain.”
La Suède, l’Allemagne, l’Espagne voire la Grande-Bretagne sont de meilleurs adeptes du dialogue social que la France qui pointe dans le bas du tableau. En Suède, 85 % des salariés du public sont syndiqués. “Les Français veulent plus de dialogue social, mais ils ne font pas confiance aux syndicats”, a dénoncé Béatrice de Lavalette, après qu’a été évoquée la difficulté de concilier vie syndicale et carrière professionnelle ou pointé du doigt une discrimination vécue par des délégués syndicaux.
Et si 90 % des participants à ces cinquièmes rencontres du dialogue social ont estimé que la transformation d’une organisation ne pouvait se passer de dialogue social, 9 % ont jugé que l’employeur peut imposer sans discuter, quitte à se passer de cette liberté de parole et de l’appel à l’intelligence collective que secteurs privé et public commencent pourtant à juger incontournable. Même si “cela prend du temps, qu’il faut donner du sens en expliquant”, comme l’a relaté Sybille Quéré-Becker, directrice du développement social d’Axa France. Tous les intervenants ont jugé que le bien-être au travail était sans doute à ce prix. Car, comme l’a fait remarqué Pascal Feuardent, ouvrier électricien et syndicaliste CFDT, “quand on se sent bien au travail on est plus productif.
CGT, la base contredit les fédés
L’existence du dialogue social à Suresnes ne fait pas que des heureux. Les fédérations CGT des Hauts de Seine et des Services publics dénoncent ainsi “l’imposture du dialogue social à Suresnes et ailleurs.” Estimant que la municipalité met en avant “une conception dévoyée de la fonction publique”, ils portent un avis négatif sur ce que les représentants du personnel prennent pour avancées. “On s’assoit, on discute, on obtient des choses, mais on ne nous empêchera pas de déposer un préavis de grève si c’est nécessaire”, se défend Mustapha Zamoun, secrétaire général de la section CGT de la ville. Dans cette mairie où ils ont obtenu 58 % des suffrages en 2014 avec une participation de 61 %, les délégués CGT unanimes sont “contre les lois travail” mais refusent de voir critiqué ce qui a été mis en place au plan local et s’opposent au discours de la fédération départementale : “Tout ça parce que c’est une mairie de droite”, ironisent-ils. “Martinez nous soutient, il nous a dit je sais bien que vous ne signez pas n’importe quoi.”