Formulée en ces termes, cette question sous forme d’invitation pourrait sembler un brin provocante, compte tenu des débats qui viennent de s’ouvrir en matière de droit du travail.
Pourtant, loin de s’inscrire dans une quelconque démarche polémique, la Fédération autonome de la fonction publique territoriale (FA-FPT) considère que la gestion des services publics au travers du statut apporte aujourd’hui des réponses concrètes à bien des questions qui concernent la relation au travail dans notre société. Avec un taux d’emploi des seniors deux fois supérieur à celui du secteur privé (plus de 98%), la fonction publique démontre que la prise en compte du vieillissement au travail peut parfaitement s’intégrer dans les logiques de gestion des personnels.
Les agents âgés ne se retrouvent pas exclus du monde du travail
Certes, de nombreux progrès restent à accomplir, notamment dans la prise en compte effective des facteurs de pénibilité et dans la reconversion professionnelle, mais aucun agent public ne se retrouve a priori dans la rubrique statistique des personnes considérées, avec cynisme, comme « trop âgées, trop peu rentables, trop payées » et qui conduit inexorablement à l’exclusion du monde du travail à un âge où retrouver un emploi se révèle particulièrement difficile.
Ne faut-il pas voir également dans la garantie du maintien dans l’emploi public offerte par le statut un autre élément essentiel de lutte contre le chômage et la précarité? Au travers de ce dispositif, les employeurs publics qui, avec 5,4 millions d’agents, représentent le secteur d’emploi le plus important de notre pays, démontrent qu’il est possible de réorganiser les missions et de faire évoluer les métiers tout au long de la carrière, en garantissant un service de qualité et une protection salariale solidaire.
Aucun service transféré au privé n’a démontré un meilleur équilibre économique
Rappelons également que les devoirs qui s’imposent aux personnels assurant des missions de service public garantissent non seulement à chaque usager une prise en compte de ses besoins selon des critères déontologiques clairs, mais aussi un total désintéressement vis-à-vis de la situation financière de celui ou de celle qui sollicite ce même service. Par ailleurs, la notion de profit, classiquement associée au secteur marchand, est totalement exclue de la notion même de service public, et au-delà des missions qualifiées de « régaliennes ». La santé, l’éducation, l’action sociale, la culture, la gestion de l’eau, l’accueil de la petite enfance et l’accompagnement de la fin de vie ne méritent-elles pas d’échapper également à toute logique commerciale? Sur le long terme, aucun service transféré au secteur privé n’a fait la démonstration d’un meilleur équilibre économique, y compris, et surtout, lorsque l’on prend en compte les critères de maintien dans l’emploi évoqués précédemment.
Il ne s’agit pas pour la FA-FPT d’opposer le secteur privé au secteur public, mais de souligner que le statut et l’organisation mêmes du service public apportent des réponses concrètes aux questions posées par la précarisation grandissante du monde du travail, avec toutes les conséquences, d’abord humaines puis économiques, qui génèrent tant de souffrances.
Il n’est pas inutile de rapprocher l’organisation du statut de la fonction publique des dispositions de l’article 23 de la Déclaration universelle des droits de l’homme: « Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage. » Voilà une démarche progressiste dont pourrait bien s’inspirer le nouveau gouvernement!
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