La création de 10 000 nouvelles places de prison sera donc l’une des dernières mesures de ce gouvernement, applaudie par un panel de représentants et candidats de tous bords. Cette mesure annoncée avec fierté répond-elle aux besoins des magistrats et des personnels de l’administration pénitentiaire ? Rassure-t-elle vraiment les citoyens qui se sentent en insécurité ? Apportera-t-elle une réelle amélioration des conditions de détention ? Réglera-t-elle enfin le problème de la surpopulation carcérale ? Qu’on me permette d’en douter.
Je ne suis pas juriste, ma posture est celle d’une citoyenne relativement éclairée. J’ai intégré depuis peu une structure de la société civile, Chantiers-Passerelles, qui côtoie la justice et ambitionne de la titiller, de pointer ses forces et ses faiblesses, de participer à la faire grandir en entraînant la société avec elle. Concernant la question carcérale, j’observe que la France a suffisamment de recul, d’expérience et de moyens aujourd’hui pour analyser ce que produit la prison depuis plus de deux siècles.
Désocialisation des détenus
Toutes les études récentes démontrent que la prison est la peine la plus chère (100 euros par jour et par détenu), celle qui produit le plus de récidives (évaluées à 61 %) et celle qui est la plus désocialisante pour les détenus. Les conditions de détention sont dénoncées à chaque nouvelle étude par le contrôleur général des lieux de privation de liberté et de nombreuses associations. Le système pénitentiaire n’a pas suffisamment de moyens pour préparer la réinsertion à l’issue de la peine.
Enfin, la surpopulation carcérale est un problème récurrent depuis trente ans, et les chiffres nous montrent que lorsqu’on ouvre des places de prison, elles se remplissent immédiatement de nouveaux condamnés puisque la loi est de plus en plus répressive. La création de nouvelles places de prison ne permettra donc pas de régler toutes ces problématiques.
Alors, quelles solutions existent ? Comment remédier à la surpopulation carcérale, tout en s’assurant que la justice assure son rôle protecteur pour la société en pun
Ces solutions s’appellent la prévention de la délinquance, la dépénalisation de certains délits, les peines alternatives à l’incarcération, la justice restaurative. Elles sont multiples, variées, économes et intelligentes. Elles encouragent le débat, la rencontre entre les services de la justice et la société, voire parfois entre les victimes et les auteurs d’infractions. Et surtout, elles sont mises en pratique chaque jour et apportent les preuves de leur bénéfice pour la société.
Réparer le dommage causé à la société
Le TIG est un très bon exemple. Cette peine effectuée en milieu ouvert, sous le contrôle étroit de la justice, a vocation à conduire la personne condamnée à réparer le dommage qu’elle a causé à la société, en travaillant. Elle favorise les liens entre la justice et la société, puisque le TIG est généralement effectué au sein d’une collectivité ou d’une association. Elle prend en compte la dimension de réinsertion de la personne à l’issue de sa peine. Alors, allons-y, parlons-en, et détournons à leur avantage tous les moyens et les projecteurs qui sont orientés sans cesse sur le gouffre carcéral. Une autre justice est possible, et elle est en marche !
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