Le syndrome d’épuisement professionnel – ou burn-out – est « complexe et protéiforme », souligne Marie Pezé, docteur en psychologie. L’auteure de « Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés » (1), docteur en psychologie, s’exprimait le 26 mars dans le cadre du salon « solutions RH ».
« Il se manifeste par un épuisement physique, mental et émotionnel », témoigne Aude Selly, ex-responsable des RH, consultante et auteure de « Quand le travail vous tue. Histoire d’un burn-out et de sa guérison » (2).
12,6 % des actifs en risque élevé – Le burn-out touche toutes les catégories socioprofessionnelles, et particulièrement les femmes. « Nous constatons une explosion des cas d’inaptitude professionnelle à cause d’un épuisement », pointe Jean-Claude Delgenes, fondateur et directeur général de Technologia. Selon une étude réalisée en 2013 par ce cabinet, 12,6 % des actifs français sont en risque élevé de burn-out, « une proportion en adéquation avec les chiffres constatés dans différents pays européens ».
« Les critères qui doivent alerter sont de plusieurs ordres », indique Marie Pezé. Entre autres un repos qui ne résorbe plus la fatigue et le recours à des produits addictifs, tels que des psychotropes.
Travail compulsif – En cause notamment, selon les experts : les profondes mutations du monde du travail. « La digitalisation détruit et continue de détruire des millions d’emplois, et la pression du chômage conduit à un travail compulsif chez les travailleurs stables, qui ont intégré l’idée d’une précarité subjective » explique Jean-Claude Delgenes, évoquant les travaux de la sociologue Danièle Linhart.
« Dans la FPT, ce sont surtout les cadres qui sont menacés en raison des nombreuses réorganisations en cours. En un an, notre cabinet a effectué une trentaine de missions dans des collectivités », insiste-t-il.
Pour les spécialistes, l’important, lorsque l’on se trouve en situation d’épuisement professionnel, est de ne pas rester seul, de demander à se faire accompagner par un médecin, un représentant du personnel, le service des RH, etc.
Attention aux autres – Il est par ailleurs primordial, dans les organisations, de développer l’attention aux autres et de mettre en place des actions de repérage. « Les collègues doivent savoir repérer des changements de comportement, qui constituent un signe montrant que quelque chose ne va pas », explique Aude Selly.
Il faut « renforcer les collectifs de travail », recommande aussi Marie Pezé.
Plusieurs leviers sont enfin à la disposition des dirigeants, tels que l’instauration d’outils pour une meilleure articulation entre vie professionnelle et vie personnelle (télétravail, etc.).
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Thèmes abordés
Notes
Note 01 Editions Pearson, 2008. Retour au texte
Note 02 Editions Maxima, 2013. Retour au texte