Pour vous qui accompagnez les collectivités dans l’évaluation et la prévention des risques psychosociaux, l’accord-cadre du 22 octobre 2013 constitue-t-il une avancée ?
J’avoue avoir été frappée que l’on soit obligés de légiférer sur la question des risques psychosociaux. Mettre en boîte et en textes les questions de relations humaines me paraissait étonnant.
Pour autant, il existe une vraie souffrance au travail dans certaines collectivités. Notamment une souffrance « stagnante » des catégories C qui sont peu mobiles. Or, qui dit problèmes de santé au travail, dit accroissement de l’absentéisme et nécessaire remplacement de personnel, démotivation, dégradation du climat social.
A l’heure même où on demande aux collectivités d’être plus performantes, il y a un risque de dégradation de la qualité du service rendu. L’urgence managériale est donc forte. Et il n’est pas inutile de disposer de méthodologies auxquelles se raccrocher pour agir dans un domaine, l’humain, pour lequel il est difficile d’avoir des repères et des certitudes. L’une des vertus du protocole d’accord du 22 octobre est de favoriser une prise de conscience et une culture de la prévention des risques, dans laquelle l’agent est également impliqué.
A l’heure même où on demande aux collectivités d’être plus performantes, il y a un risque de dégradation de la qualité du service rendu.
Vous soulignez pourtant les limites du cadre posé par ce protocole…
Il faut être très vigilant sur la conduite des enquêtes qualitatives tous azimuts, qui peuvent avoir des effets démultiplicateurs néfastes. Le diagnostic doit reposer sur une analyse en profondeur des conditions de travail, à l’échelle des unités de travail et donc fortement contextualisée.
Mais surtout, au-delà du plan d’évaluation, la prévention des RPS doit exister au quotidien, en dehors de tout formalisme, grâce à un management adapté. La reconnaissance non monétaire du travail donne du sens à l’activité de chacun. Elle est essentielle.
Il faut donc surtout accompagner les managers à bien faire le travail. Et prendre en compte les nouveaux modes de relation de travail qu’instille la génération Y, qui a l’habitude de travailler en réseau, et pour laquelle l’autorité hiérarchique n’a plus de sens.
Il faut être très vigilant sur la conduite des enquêtes qualitatives tous azimuts, qui peuvent avoir des effets démultiplicateurs néfastes.
En quoi le CIG peut-il aider les collectivités à prévenir les RPS ?
La circulaire du 25 juillet 2014 prévoit un dispositif d’information, d’appui et d’échange, organisé et géré par les centres de gestion. L’intérêt de faire appel à nous est triple. Le centre de gestion va apporter une expertise pluridisciplinaire (médecine de prévention, préventeurs, psychologues du travail, ergonomes, conseillers et organisation, conseil juridique), nous avons des partenariats avec les fonds [Fonds national de prévention (FNP) de la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales (CNRACL), Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP)] permettant de disposer d’une ingénierie adaptée, et nous jouons le rôle de tiers de confiance dont la neutralité et l’expertise sont reconnues.
Cet article fait partie du Compte-rendu
« Plan de prévention des risques psychosociaux, où en est-on ? » - Club RH - Paris
Sommaire du dossier
- « Plan de prévention des risques psychosociaux, où en est-on ? » – Club RH – Paris
- « Le travail bien fait est un puissant facteur de santé au travail »
- « Une logique progressive et d’amélioration continue » – Frédéric Oyhanondo (conseil général de Seine-Saint-Denis)
- « La prévention des RPS doit exister au quotidien grâce à un management adapté » – Claude Soret-Virolle (CIG grande couronne)
- « Prévenir et anticiper les situations d’essoufflement et d’usure professionnelle » – Nathalie Guillot-Juin (Evry)
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