L’urgence attendra. Alors que le projet, attendu depuis plus de dix ans, semblait enfin dans les starting-blocks, la Garde de Sceaux a finalement ajourné l’appel d’offres de construction relatif à la nouvelle prison de Beauvais. Motif invoqué par la Chancellerie : la nécessaire évaluation des programmes immobiliers lancés sous le gouvernement Fillon et devant porter le parc carcéral à 80 000 places.
« Ces arbitrages seront réalisés selon les contraintes budgétaires actuelles et les besoins réels. Ils détermineront la variable d’ajustement entre 63 000 et 72 000 places », a récemment confirmé un porte-parole du ministère.
Atteinte à la continuité de l’Etat – La maison d’arrêt de Beauvais figurera-t-elle parmi les premières victimes de ces nouvelles orientations ? Caroline Cayeux, la sénatrice-maire (UMP) de la ville, en est sûre. Elle s’en est directement ouverte auprès de Christiane Taubira, lui faisant part « de sa profonde stupéfaction et de son incompréhension totale face à cette décision. Cette dernière porte directement atteinte au principe de continuité de l’Etat et désavoue la qualité du travail effectué depuis de nombreuses années en étroite collaboration entre la ville de Beauvais et les services de l’Etat (…) Cette décision unilatérale de suspendre ce projet, sans même avoir pris la peine de prendre l’attache des élus locaux, est tout simplement scandaleuse », s’est indignée l’élue.
Il faut dire que, construite au milieu du XIXesiècle, la maison d’arrêt de Beauvais est considérée comme un établissement obsolète et même vétuste. L’argument est d’ailleurs largement utilisé par la municipalité, qui dénonce une décision « unilatérale », niant « l’urgence d’améliorer le cadre et la qualité de vie des personnes incarcérées » et remettant en cause « les projets d’aménagements urbains de Beauvais ».
Evalué à plus de 40 millions d’euros, le centre pénitencier devait compter 600 places, contre 150 environ actuellement. Sa construction devait générer 300 emplois, de même que son fonctionnement (250 fonctionnaires et 50 personnels des services médicaux et de maintenance).
En 2011, le ministère estimait à 7 millions d’euros le montant des taxes foncière et d’habitation générés par les personnels de l’établissement et leurs familles.
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