« Nous allons embaucher une centaine « d’emplois d’avenir » pour avoir des médiateurs sociaux le samedi après-midi et le mercredi lorsque les jeunes, les groupes sont dans les trains », a précisé Guillaume Pepy lors d’une émission sur BFMTV et RMC, lundi 3 novembre.
Il s’agira pour ces personnels d’engager le dialogue et de dire « non, on ne fume pas dans le train, on ne met pas les pieds sur la banquette, on ne détériore pas le matériel parce que ce matériel c’est le vôtre », a ajouté le patron de la SNCF.
Lutte contre les incivilités – Cette mesure s’inscrit dans un plan global de lutte contre les incivilités engagé par la SNCF depuis plusieurs mois, avec la création en septembre 2012 d’une structure dédiée, dirigée par Céline Debove-Postel, directrice déléguée à la prévention et à la gestion des incivilités.
« Les transports ne peuvent pas être un univers inconfortable, voire générateur d’anxiété », a abondé Guillaume Pépy au cours d’une conférence de presse où il a détaillé le plan d’action de l’entreprise contre les incivilités. « Ce sont des choses sérieuses et il n’est pas possible que les incivilités se développent dans les services publics. On le dit tous, il y a en a assez », a t-il affirmé, avant d’ajouter que ce problème était « un problème de société assez français ».
Le patron de la SNCF veut s’attaquer à ces « comportements de tous les jours de quelques-uns qui empoisonnent la vie de tous les autres, et des cheminots », qui coûte chaque année 35 millions d’euros à la SNCF. « Agressivité, sans gêne, malveillance et irrespect des autres » sont la cible de la compagnie ferroviaire, pour qui les gestes répréhensibles vont des papiers jetés par terre aux cigarettes dans les trains, en passant par les brutalités verbales ou les signaux d’alarme actionnés de façon intempestive.
Priorité à la prévention – La SNCF veut agir sur les trois fronts que sont la prévention, la lutte et la répression. Une campagne d’information dans la presse et d’affichage dans les grandes gares de France, dont le slogan est « Il n’y a pas de petites incivilités » a été lancée ; le numéro clients 3617 jusqu’ici réservé à l’Ile-de-France sera élargi à tout le territoire à compter du 1er janvier pour être une ligne d’écoute de usagers victimes d’actes irrespectueux ; et une formation aux situations difficiles sera dispensée à 10 000 agents du groupe.
« La prévention consiste à faire du nettoyage pendant la circulation du train parce qu’un espace bien nettoyé est un espace respectable », a également déclaré M. Pepy. La SNCF, qui consacre chaque années 160 millions d’euros à ce poste, en dépensera 170 millions pour l’année 2013.
Complémentaire aux actions de répression – Outre les médiateurs affectés à la prévention, la SNCF compte 2 700 cheminots qui appartiennent à la sûreté ferroviaire, chargés de la répression des actes de malveillance.
« Cela fait partie de leur métier que de mettre des amendes », a expliqué M. Pepy, qui a rappelé le montant de certaines d’entre elles. « Les pieds sur la banquette c’est 45 euros, fumer alors que c’est interdit c’est 68 euros et, pire encore, tirer le signal d’alarme sans raison, ce qui est le plus grave parce que ça perturbe des milliers de voyageurs, ça coûte entre 165 et 700 euros et peut être passible, depuis peu, d’une peine de prison avec sursis », a-t-il souligné, sans faire de commentaire sur un éventuel renforcement de ce volet.
Responsabilité individuelle et pédagogie – Les associations d’usagers ont salué l’utilité d’une telle campagne visant à créer un « choc de citoyenneté », en admettant la responsabilité individuelle des usagers dans bon nombre d’actes de malveillance.
Mais elles ont aussi renvoyé la SNCF à sa mission de pédagogie. « Apporter aux voyageurs une information claire sur leur implication dans les retards permet aussi d’éviter les désagréments », a déclaré Fabrice Michel, porte-parole de la principale fédération d’usagers des transports (Fnaut). S’il a estimé sur RMC que la campagne était une « bonne idée, le porte-parole de l’association des voyageurs usagers des chemins de fer (Avuc), Willy Collin a attribué une partie des incivilités au stress des usagers dû aux retards et à la saturation des trains.
Le partenariat avec les collectivités de plus en plus sollicité
A lire le dossier de presse diffusé le 3 décembre par la SNCF, « le développement de partenariats avec les collectivités locales » constitue l’une des priorités du plan d’actions contre les incivilités. « 300 contrats de sécurité et de prévention signés entre SNCF et les collectivités locales comprennent un volet incivilités » peut-on y lire. Cette volonté remonte à 2010 avec le lancement d’une série de forums régionaux réunissant les opérateurs « sûreté » de l’entreprise et les représentants des collectivités dans les conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance. En 2011, un site web, « Espace sécurité et prévention« , a été créé et se donne pour objectif de diffuser les bonnes pratiques partenariales.
Références
- Le plan d'action de la SNCF contre les incivilités dévoilé le 3 décembre 2012
- Le site web de la direction de la sûreté de la SNCF
- Note de l'Institut d'Aménagement et d'Urbanisme d'Ile-de-France : "Sécurité dans les transports en commun: les peurs et les faits".