Présidente 2ACT
Pourquoi avoir choisi le thème de l’égalité salariale ?
Lors de notre assemblée générale de 2016, nous avions abordé la place des attachés dans la fonction publique. Il se trouve que les attachés, et la filière administrative, ont une place un peu minorée par rapport à la filière technique et une reconnaissance moindre. Et pas seulement d’un point de vue financier. Nous avons l’impression que les compétences des attachés sont moins reconnues que celles des ingénieurs, alors qu’un directeur des finances publiques est largement aussi compétent qu’un ingénieur. Ce ne sont pas les mêmes compétences, mais elles sont équivalentes. Nous avons donc travaillé sur l’idée qu’à travail égal, il y a salaire égal.
D’où provient cette inégalité selon vous ?
L’un des principales explications relève de l’inégalité entre les femmes et les hommes. Le Défenseur des droits, mais aussi la Cour européenne des droits de l’homme l’ont montré : quand une filière est moins payée que l’autre, étrangement, elle est plus féminisée.
Quand une filière est moins payée que l’autre, étrangement, elle est plus féminisée.
Or à niveau de compétences égales, chez un même employeur, ces différences relèvent de la discrimination basée sur le sexe.
Ce discours trouve-t-il écho chez les élus locaux ?
Il peut être entendu s’il est porté à l’intérieur de la collectivité par les fonctionnaires et les syndicats. Mais je n’ai pas l’impression que les syndicats se soient beaucoup emparés de cette question. Je ne les trouve pas très actifs là-dessus.
Nous, nous en sommes emparés parce que cela nous concerne. Quand les attachés hommes me disent qu’ils sont des hommes avec le même salaire que nous, je leur réponds qu’ils sont des femmes comme les autres, c’est-à-dire payés aux salaires des femmes, soit 20% en équivalent temps plein de moins que la filière technique. La rémunération n’est pas due au fait que l’on soit une femme ou un homme, mais au fait que l’on travaille dans une filière féminisée, moins payée qu’une filière plus masculine. Les femmes travaillent gratuitement un jour par semaine dans notre filière.
Vous comparez avec la filière technique dans son ensemble ou avec seulement les ingénieurs ?
C’est exactement pareil pour les catégories B et C ! A un niveau moindre, car il est vrai que les rémunérations des catégories B et C ont été revues à la hausse. Dans la filière technique, certaines astreintes sont rémunérées. Dans la filière administrative, il n’y a pas d’astreintes. Cela peut effectivement expliquer des différences salariales, mais majoritairement, l’inégalité salariale relève d’autres facteurs. Entre un technicien et un rédacteur, il existe des différences par exemple sur les avancements.
Qu’est-ce que vous attendez de la table-ronde lors de laquelle vous faites intervenir une universitaire, des experts du label Egalité ?
Au-delà d’une prise de conscience, cette table-ronde va montrer que les inégalités salariales dans la FPT proviennent en partie du fait de l’inégalité entre les femmes et les hommes. Le problème de la filière administrative ne sera pas réglé tant que subsistera l’inégalité entre les femmes et les hommes subsistera. C’est ce raisonnement qu’il faut faire comprendre. Notre objectif est d’obtenir la même égalité de traitement que la filière technique. On va y arriver !
Vous prônez une fonction publique territoriale sans filières ?
Les filières n’ont plus de sens, car il y a une multitude de métiers dans la FPT. Plus on monte dans les grades, plus les fonctions sont interchangeables : un DRH peut devenir directeur des finances, puis directeur de l’action foncière.
Les filières n’ont plus de sens, car il y a une multitude de métiers dans la FPT.
C’est d’abord un niveau de compétences et de capacités à manager qui est recherché aujourd’hui. Un manager de la filière administrative n’est pas moins bon manager que dans la filière technique.
Au-delà de ces inégalités, comment vous voyez la situation des attachés aujourd’hui ?
La situation des attachés devrait s’améliorer à court terme. En réalité avec le protocole « Parcours professionnels, carrières et rémunérations » (PPCR), l’attaché qui commence sa carrière aujourd’hui va savoir exactement à quel échelon il va la finir et à quel type de poste. Pour devenir administrateur, il lui faudra passer le concours. Car on ne lui donnera pas les bons postes pour qu’il accède au plus haut grade, qui est celui d’attaché hors classe. Sa carrière est bloquée. Or les attachés ont aujourd’hui de sacrés niveaux d’études : aucun n’est en dessous de Bac + 5 ! On serait même sur des Bac+6 ou Bac+7. Ils auront envie de faire carrière donc ils ne seront que de passage dans ce cadre d’emploi. Les petites et moyennes collectivités vont perdre en compétences.
Comment percevez-vous les annonces du président de la République et du gouvernement sur la fonction publique ?
Nous attendons de voir, nous n’avons pas le choix. Mais différencier le point d’indice est une façon de diviser la fonction publique et de monter les versants les uns contre les autres. Tout le monde ne sera pas au même niveau. Mais il y aura peut-être un problème constitutionnel. Pourtant, PPCR avait objectif d’unifier les fonctions publiques !
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