La carte de France des circonscriptions de police, remise à plat ? C’est en tout cas ce que révèle un projet de réforme, dévoilé le 20 décembre par Le Parisien et daté du 7 décembre, qui émane de la direction centrale de la sécurité publique (DCSP), en charge de 68.000 policiers.
Pas de suppression de commissariats ni d’effectifs, selon l’Intérieur – Intitulé « réforme de l’organisation territoriale », il dit s’inscrire dans le « plan de modernisation de l’action de l’Etat piloté par le Premier ministre » et évoque la création de nouveaux districts « intégrés » de police ou de « circonscriptions d’agglomérations ». « Il n’est pas question de fermer des commissariats et supprimer des effectifs », a déclaré le cabinet du ministre de l’Intérieur « mais, à terme, de gagner 220 policiers qui seront redéployés et présents sur le terrain ». Le projet prévoit en effet ainsi de « redéployer » des effectifs dans un district de police qui rassemble souvent trois commissariats.
Dix-huit districts – sur 35 – seraient ainsi concernés, selon ce projet, dans treize départements dont les Bouches-du-Rhône, la Loire, la Loire-Atlantique, le Pas-de-Calais, le Var et trois départements de la grande couronne parisienne (Yvelines, Essonne, Val d’Oise). L’objectif est, stipule le projet, de « recentrer les missions (…) en permettant un gain en effectifs et une augmentation des capacités opérationnelles » ainsi que des « mutualisations » entre unités dont certaines seraient créées.
« Renforcer la proximité de la police avec la population » – Des brigades anticriminalité de districts – et non plus de commissariats – verraient ainsi le jour dans cet esprit et il est envisagé, au choix, de créer des circonscriptions d’agglomérations, en fusionnant d’actuelles unités, avec un commandement unique. La DCSP entend ainsi « renforcer la proximité de la police avec la population en redéployant les effectifs » et d’avoir une « mission unifiée et complète d’un même bassin de population et de délinquance ».
Selon l’Intérieur, il s’agit de « gagner en efficacité » en agissant « sur les fonctions de supports » dans les unités c’est-à-dire les tâches administratives, de gestion ou de prises de statistiques par exemple. Toujours selon Beauvau, ce projet est « soumis à la concertation » entre les « directeurs de la DCSP, les syndicats de police et les élus » concernés.
Les petites villes montent au créneau – Dans un communiqué, le président de l’Association des petites villes de France (APVF), le socialiste Martin Malvy, annonce avoir écrit à Manuel Valls « pour lui faire part de (leur) inquiétude concernant cette perspective ». Il rappelle « qu’après les hôpitaux, les centres des impôts, les tribunaux et les casernes, les petites villes ont déjà été durement touchées par les restructurations de service public. De surcroît, les chiffres de la délinquance n’ont cessé d’évoluer à la hausse toutes ces dernières années dans les zones rurales et périurbaines ».
Evoquant le « risque de « désert policier » », Martin Malvy demande au ministre de l’Intérieur de bien vouloir « prendre en compte la situation spécifique de certains territoires et la réalité de leurs besoins en termes de sécurité ». Dans son courrier, Martin Malvy rappelle enfin « que les dernières élections présidentielles et législatives ont montré l’apparition d’un vote populiste marqué dans ces mêmes zones, témoignant du sentiment d’abandon de certaines catégories de la population dans ces territoires ».