« Une fièvre inédite s’est emparée du débat public : haro sur les fonctionnaires ! », a relevé le 3 septembre, Emilien Ruiz sur Linkedin. L’historien, auteur de « Trop de fonctionnaires : histoire d’une obsession française » liste une série de préconisations, en cette rentrée, pour les agents publics qui « n’a rien d’original ».
Suppression de 1,5 million de fonctionnaires
Il cite le Medef qui a présenté le 29 août un plan-choc de 35 mesures destiné à relancer la croissance et à sortir la France du « statu quo du déclassement » économique face à ses voisins européens. Parmi ces mesures : la suppression de 1,5 million de postes dans la fonction publique et de redéployer jusqu’à 600 000 emplois vers le secteur privé ou associatif. Le modèle espagnol est mis en avant puisqu’il fixe chaque année, dans la loi de finances, un quota de remplacements.
Le 31 août, le Premier ministre avait confirmé sa volonté de réduire réduire les effectifs de 200 à 300 000 par an par non remplacement d’un départ sur trois à la retraite. « En réalité, pour cela il faudrait « non remplacer » 1,5 à 2 départs sur… 1″, souligne Emilien Ruiz. « Comme il l’indiquait lui-même ‘peut-être [qu’il se] trompe dans le chiffre' ». Le chef du parti Les Républicains appelle aussi à être « plus ambitieux sur le non-remplacement des départs en retraites des fonctionnaires » et à ce que « tout [sauf le régalien] doit passer en statut contractuel ».
Et justement, l’organisation patronale recommande aussi vivement de limiter le statut aux fonctions régaliennes (sécurité, justice et diplomatie), pour que la proportion de contractuels se rapproche de pays comme l’Espagne, l’Allemagne ou l’Italie (47 % à 85 %).
L’objectif affiché dans le rapport du Medef est de porter la part des contractuels de 22 % à 50 % d’ici 2030, sans dégrader la qualité du service public. Inspirée des modèles suédois, suisse ou portugais, la réforme préconisée reposerait sur des embauches sous contrat de droit privé, en CDD ou en CDI, avec des rémunérations et des carrières davantage liées à la performance.
Trois jours de carence dans la fonction publique
Lundi 1er septembre, c’était au tour du Rassemblement national de s’exprimer sur les fonctionnaires. Sur BFM TV, Jean-Philippe Tanguy (député de la Somme) a défendu l’allongement à trois jours de la carence des arrêts de travail dans la fonction publique. « On ne peut pas dire aux Françaises et aux Français ‘on rase gratis' » a-t-il déclaré, ajoutant qu’il était favorable à appliquer cette mesure dans le cadre du budget 2026. « Avec le niveau de dette, on ne peut pas faire croire aux Français qu’il n’y a aucun effort à faire. »
Jean-Philippe Tanguy reprend ainsi une proposition de l’ancien ministre de la Fonction publique de septembre à décembre 2024, Guillaume Kasbarian. Ce dernier avait déclaré en octobre 2024 dans une interview au Figaro qu’il voulait « passer le nombre de jours de carence de un à trois, ce qui revient à aligner le régime de la fonction publique sur le secteur privé ».
Pour mémoire, depuis le 1ᵉʳ mars 2025, lors d’un congé de maladie ordinaire, le maintien de salaire pour les fonctionnaires a été abaissé de 100% à 90% pendant les trois premiers mois.
Emilien Ruiz appelle à se replonger dans de récentes parutions, dont « la Haine des fonctionnaires« , afin de « mieux situer une opération idéologique qui ne repose pas vraiment sur un examen documenté de la situation visant comprendre les causes de la croissance de la fonction publique et les effets de son éventuelle résorption ». Les syndicats, de leurs côtés, appellent à la mobilisation le 18 septembre prochain.
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