L’égal accès aux concours de la fonction publique et l’égalité de traitement forment les principes fondateurs de la fonction publique. En pratique, le secteur public n’est pas épargné par les discriminations syndicales. Selon le 12e baromètre de la perception des discriminations dans l’emploi (1), 11 % des agents estiment être victimes de discriminations syndicales et 39 % de ceux ayant exercé une fonction syndicale jugent que cela a été un frein pour leur évolution professionnelle. Si ces dernières années ont été notamment marquées par des avancées législatives en matière d’égalité professionnelle, le Conseil supérieur de la fonction publique territoriale (CSFPT) s’est emparé de la question, jusqu’ici peu abordée, des discriminations en raison de l’engagement syndical et a publié un rapport sur le sujet en décembre.
La délégation, un frein à l’avancement
Ce travail met en avant les difficultés et les entraves rencontrées par les élus syndicaux « Un mandat syndical bloque les carrières, soit en matière d’avancement, soit de formation. Reprendre une activité dans une collectivité est très compliqué après un mandat et, souvent, cela se traduit par une mise au placard des agents, car ils peuvent rencontrer une certaine frilosité des services RH à leur égard », explique Laurent Mateu, à la tête de la formation spécialisée chargé du rapport et secrétaire fédéral FO.
Laurent Mateu en est persuadé, l’engagement syndical peut s’avérer être un véritable sacerdoce, même exercé dans le cadre protecteur du statut d’agent public. « Si vous exercez à 40 % dans votre syndicat, et qu’un poste se libère avec une promotion à la clé, il est difficile de l’obtenir si vous n’êtes pas disponible à 100 %, explique-t-il. Si vous voulez bénéficier de cet avancement, vous êtes obligé d’abandonner votre délégation syndicale. »
Un choix imposé qui influe sur l’engagement des agents. « Quand ils ont une famille à charge ou le crédit d’une maison à payer, certains ne veulent pas se mettre en difficulté et ne prennent pas le risque de se présenter aux élections professionnelles », reprend-il. De plus en plus professionnalisé, le syndicalisme demande une maîtrise de nombreuses problématiques, telles que la sécurité, l’hygiène, le budget, les ressources humaines ou encore le droit administratif. Des compétences techniques à acquérir en dehors du cadre d’emplois et souvent peu valorisées dans la carrière de l’agent.
Moins de succès qu’aux prud’hommes
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