L’entretien professionnel est entré dans les mœurs et la récente loi sur la transformation de la fonction publique n’apportera aucune modification au dispositif, ni sur son orientation ni sur son déroulement et son cadre. Mais – et c’est là le hic –, il s’agit avant tout d’une obligation. « Les encadrants vivent les campagnes d’entretien comme une vraie contrainte. Compte tenu du temps à y dédier, cela les mobilise beaucoup », souligne Eric Attanasio, adjoint à la DRH de la communauté d’agglo (CA) Grand Paris Sud Est avenir (16 communes, 1 200 agents, 310 800 hab.). « Je pense que les encadrants ne sont pas forcément en capacité d’évaluer et d’avoir un vrai dialogue. C’est un pesant rituel fait à la va-vite », renchérit Sylviane Gachet, directrice « emploi et compétences » de la ville de Lyon (7 200 agents, 515 700 hab.).
Comptes rendus édulcorés ou confus
Non seulement l’entretien professionnel est souvent vécu comme une formalité lourde et chronophage, mais il peut tourner au vinaigre. Car c’est l’unique moment – ou l’une des rares occasions – dans l’année où un agent et son chef prennent le temps de parler du travail. Ils font le bilan de l’année passée, reviennent sur les objectifs, évaluent les compétences de l’agent, etc. Si les encadrants sont très peu disponibles au quotidien pour leur équipe et qu’il y a des tensions dans la collectivité, « c’est là que s’expriment tous les mécontentements concernant le fonctionnement, les moyens insuffisants, alors que ce n’est pas le but. Lors de certaines campagnes d’entretiens, tout le monde pleure ! Et l’évaluateur n’est pas forcément préparé à mener des entretiens où des agents sont en souffrance et expriment leur agressivité. Cela peut le mettre en difficulté », relate Elise Endewelt, responsable du service « conseil et développement » du centre de gestion d’Ille-et-Vilaine (CDG 35, avec 531 collectivités et établissements affiliés, 12 790 agents). Pour ces mêmes raisons – un entretien vu comme une formalité, les tensions qui surgissent –, mais aussi à cause de la complexité de l’exercice d’évaluation, les comptes rendus sont parfois édulcorés ou confus, ou simplement insuffisants.
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Gazette des Communes
Références
Après une période d’expérimentation introduite par la loi n° 2009-972 du 3 août 2009 relative à la mobilité et aux parcours professionnels dans la fonction publique, l’entretien professionnel annuel est pérennisé par la loi n° 2014-58 du 27 janvier 2014 de modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles, suivie du décret n° 2014-1526 du 16 décembre 2014 relatif à l’appréciation de la valeur professionnelle des fonctionnaires territoriaux.
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