Le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, a annoncé cette décision le 24 juin à Bobigny après avoir dressé devant la presse le bilan de la lutte contre la délinquance en Seine-Saint-Denis depuis que Christian Lambert y a été nommé préfet en avril dernier. La police de proximité, créée par le gouvernement de Lionel Jospin en 1997, avait été supprimée de facto dès son arrivée place Beauvau par Nicolas Sarkozy, estimant qu’elle ne remplissait pas un véritable rôle de police et ne servait « qu’à organiser des matches de football » avec les jeunes de banlieue. Les UTeQ, créées en avril 2008 par Michèle Alliot-Marie en même temps que des Compagnies de sécurisation, forment « une police de proximité qui n’avoue pas son nom », selon la gauche, notamment le Parti socialiste. Au contraire, selon l’Intérieur, elles sont chargées de « missions de police, de voie publique, de surveillance ».
Un audit « réaliste »
En janvier, Brice Hortefeux a reçu l’audit qu’il avait demandé aux deux inspections générales de l’Administration et de la police nationale pour évaluer l’action des UTeQ et Compagnies de sécurisation. Il a été jugé « très réaliste, sans a priori et tout à fait objectif », a indiqué le ministère de l’Intérieur. « Ni positif ni négatif, il a déterminé quels étaient les points faibles et les points forts, et donné des pistes, des recommandations », a-t-on ajouté de même source. C’est sur cette base que le ministre, qui n’a « pas de religion » en ce domaine, a-t-il dit le 24 juinà Bobigny, a pris sa décision sur les UTeQ. « Je vais en augmenter le nombre de 26 », a-t-il annoncé, ce qui correspond à un quasi-doublement de ces unités en France. Certaines de ces nouvelles UTeQ « seront affectées à la Seine-Saint-Denis » qui en compte déjà trois, a ajouté Brice Hortefeux. L’audit a recensé des UTeQ « très défensives », d’autres « plus préventives », tandis que certaines fonctionnent « 24 heures sur 24 » et d’autres « selon des horaires précis ». Il n’a pas proposé une généralisation. Or, justement, « nous ne voulons pas généraliser », a-t-on commenté au ministère de l’Intérieur, préférant « déterminer là où on en a besoin et en faire évoluer le fonctionnement ».
Bilan mitigé pour les compagnies de sécurisation
En revanche, « ce rapport est un petit peu plus critique sur les Compagnies de sécurisation », reconnaît-on Place Beauvau. « Là, ma décision n’est pas encore prise », a relevé Brice Hortefeux. Toutefois, « on en est à huit (Compagnies de sécurisation) et on va monter à 16 », a indiqué jeudi le ministère de l’Intérieur, « mais dans une configuration nouvelle ». Elles deviendront des « Compagnies départementales de sécurisation et d’intervention, seront plus polyvalentes et moins marquées comme doublette à une UTeQ », a-t-on poursuivi de même source. Selon Claude Bartolone, président du conseil général de Seine-Saint-Denis (PS), « le gouvernement sort enfin de son entêtement idéologique » avec la création de ces UTeQ. « Le président de la République le reconnaît enfin, le traitement de la délinquance uniquement par des méthodes +coup de poing+ ne marche pas », écrit-il dans un communiqué.
Thèmes abordés