C’est une grève qui ne passe pas inaperçue. Menée depuis le 18 juin par les agents d’entretien et de restauration scolaire (AERS) des écoles montpelliéraines, chaque jour, de 11 heures à 13 heures, elle empêche la cantine de fonctionner dans une grande partie des établissements. Le mouvement est reconduit jusqu’au 30 juin. D’où le mécontentement des parents d’élèves, répercuté dans les médias locaux.
Tout a commencé quand les délégués syndicaux ont découvert, dans les documents de la prochaine réunion du comité technique paritaire, le projet d’« optimisation de la fonction d’entretien ». L’un des objectifs est de sous-traiter à des sociétés privées le nettoyage de fond des bâtiments communaux. « Cela a deux conséquences importantes : d’une part, la suppression de 153 postes sur 5 ans, avec le non remplacement des départs à la retraite, l’arrêt des CDD et le reclassement d’une partie des agents sur d’autres postes. D’autre part, les agents d’entretien des écoles devraient désormais travailler 40 h 15 par semaine, hors congés scolaires, les périodes de congés étant réservées à ces gros travaux de nettoyage », détaille Jocelyne Touati, déléguée syndicale UNSA.
Expérimentation dans quatre écoles
Une intersyndicale, réunissant l’UNSA, syndicat majoritaire aux dernières élections professionnelles, la CFDT, la CGT, FO et Sud Solidaires, a déposé un préavis de grève. Aussitôt, l’administration municipale a fait marche arrière, en indiquant vouloir expérimenter ce projet dans quatre écoles à partir de septembre 2015. Mais les agents en grève réclament le retrait complet du plan. « Ils ne veulent ni introduction du privé, ni suppression de postes », martèle Jocelyne Touati.
La ville met en cause l’absentéisme élevé de ses agents, en particulier dans la fonction d’entretien, – un problème déjà soulevé par la chambre régionale des comptes, dans un rapport de novembre 2013 – et la pénibilité des gros travaux de nettoyage, pour justifier sa volonté de réorganisation du travail. « Montpellier est désigné comme le champion de France de l’absentéisme, dans la presse. On ne peut se satisfaire de cette situation », dénonce Christian Fina, DGS de la ville, qui tempère par la suite : « Le taux moyen d’absentéisme dans les services municipaux s’élève à 11 %. Il masque des disparités : il est de 7 à 8 % dans la majorité des services, ce qui est tout à fait correct, mais il s’élève à 25 % chez les agents d’entretien des établissements scolaires. »
Améliorer les conditions de travail
Direction et syndicats sont d’accord sur l’analyse globale de la situation : pour diminuer l’absentéisme, il est nécessaire d’améliorer les conditions de travail. Le maire, Philippe Saurel, a annoncé en conseil municipal, le 18 juin, un plan d’action, qui vise à renforcer la prévention des risques professionnels, la formation, la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, le management, etc.
« En matière de prévention des risques professionnels et de reconversion des agents les plus fragilisés, la ville a un retard phénoménal », déplore Cathy Crespy, de la CFDT. Or, les agents d’entretien et de restauration municipale, environ 400, sont particulièrement exposés à la pénibilité du travail. Il s’agit en grande majorité de femmes, d’une moyenne d’âge de 45 à 50 ans, très peu qualifiées. « Plus de 37 % ont des restrictions médicales, liées le plus souvent à des lombalgies et autres troubles musculo-squelettiques », explique Jocelyne Touati, de l’UNSA. « Il est envisagé notamment de changer le matériel, trop lourd, et de développer les formations “gestes et postures“ », indique le DGS.
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