Marylise Lebranchu continue de tisser la toile de la réforme territoriale alors que, ici et là, la colère gronde et les inquiétudes s’expriment. Lors de chacun de ses déplacements, la ministre de la Décentralisation et de la fonction publique tente de rassurer les agents. Elle est toutefois souvent rattrapée par les mouvements de protestation des fonctionnaires, comme lors de la journée interprofessionnelle du 9 avril ou de la grève qui a secoué la métropole de Lyon, en mars dernier.
Sacro-saint dialogue social – Le « soldat » Lebranchu est aussi confronté à la grogne des élus, récemment amplifiée par les résultats des départementales. Sans nier les écueils qui surgissent sur la route des réformes engagées, Marylise Lebranchu s’efforce de maintenir le cap et ne veut surtout pas renoncer au sacro-saint dialogue social.
Pourtant, si la signature des accords sur l’égalité professionnelle et la prévention des risques psychosociaux est à mettre à son actif, les négociations sur les parcours professionnels, les carrières et les rémunérations s’étirent en longueur et les discussions sur la qualité de vie au travail laissent les syndicats sceptiques. Et que dire du point d’indice, gelé depuis cinq ans, et du projet de loi sur la déontologie, les droits et obligations des fonctionnaires, sans cesse repoussé.
Espoirs – Cette période de bouleversements institutionnels est anxiogène pour nombre d’agents, préoccupés à la fois par leur pouvoir d’achat, le sens de leur mission et leur avenir. Elle est aussi porteuse de beaucoup d’espoirs. A commencer par le rôle des services publics reconnu et parfois plébiscité par les usagers, même si les contraintes budgétaires imposent des choix.
En outre, l’opposition systématique avec les salariés du secteur privé tend à s’amenuiser avec l’incursion du droit du travail dans la fonction publique, notamment en matière de temps de travail, de formation, de santé et de sécurité au travail. Un mouvement continu qui souligne l’évolution des mentalités, mais il ne faudrait pas perdre de vue que les valeurs et le statut des fonctionnaires demeurent les meilleurs garants de l’équité sur l’ensemble des territoires.
Piège du corporatisme – A l’écoute de chacun des fonctionnaires qu’elle affirme défendre « bec et ongles », Marylise Lebranchu se dit soucieuse de l’intérêt général. La tentation pourrait être grande, en effet, dans le cadre du projet de loi « Notre », de privilégier les cadres A +, ne laissant aux « B » et aux « C » que la voie d’une mobilité subie plutôt que choisie. Gageons que les associations professionnelles de territoriaux sauront éviter le piège du corporatisme.