La liste attendue depuis septembre des bénéficiaires du nouveau programme de renouvellement urbain a enfin été dévoilée le 16 décembre, et les déçus sont nombreux. Le premier programme a concerné 398 quartiers, le second ne concerne que 200 quartiers dits d’intérêt national.
Or la plupart des chantiers achevés auraient mérité d’être poursuivis, et de nombreux élus locaux estiment que d’autres secteurs de leur commune aurait mérité des travaux d’ampleur.
Ainsi à Angoulême, le quartier Bel Air -La Grand Font n’a pas été retenu dans la première liste, mais figurera en revanche dans la lits des 200 quartiers d’intérêt régional, pour lesquels 850 millions d’euros sont affectés, soit en moyenne 6 millions par projet.
Au Mans, qui avait fait acte de candidature pour trois de ses quartiers : Chaoué-Perrières, Allonnes, Bellevue-Coulaines, et Sablons-Bords de l’Huisne, c’est la déception, puisqu’ aucun site n’a finalement été retenu, y compris dans la liste des sites d’intérêt régional. Et de nombreuses villes sont dans ce cas.
Les élus vont avoir la lourde tâche d’expliquer aux habitants pourquoi certaines parties du territoire ont bénéficié de travaux d’ampleur, et d’autres en sont exclues. La question de la présence des politiques de droit commun dans les quartiers de la politique de la ville va se poser avec encore plus d’acuité.
Du côté des quartiers retenus, demeurent également des questions. Tout d’abord on devrait savoir en mars comment seront déterminés les critères de richesses des maitres d’ouvrage (villes et bailleurs sociaux) qui seront pris en compte pour moduler les taux de subventions. Le président de l’association régionale des organismes HLM en PACA, Bernard Olliver, s’interroge. « Je suis satisfait de la hauteur de sommes mais j’attends de voir l’articulation des financements. Cela a une vrai incidence sur l’économie des projets. Dans le premier programme, les bailleurs finançaient à hauteur de 60% sur leurs fonds propres. Là, cela pourrait passer à 75%. Avec quelles contreparties ? »
Myriam El Khomri, la secrétaire d’état déléguée à la politique de la ville, estime l’effet levier des 5 milliards d’euros, à 20 milliards. Mais les collectivités locales et les bailleurs sociaux pourront-elles suivre avec la même ampleur que pour le précédent PNRU ? Etant donné l’état des finances locales certains s’interrogent déjà sur les moyens de boucler les projets. Jean-Luc Moudenc, le président de l’AMGV, pointe le risque de saupoudrage des crédits que le lancement d’opérations d’intérêt régional, aux côtés d’opérations d’intérêt national fait peser sur les futures programmations. « Sans contester l’utilité et l’opportunité de programmes inscrits dans les futurs contrats de plan Etat-Région (CPER), les élus urbains seront vigilants à ce que les 200 futurs programmes d’intérêt régional (dont 55 ont déjà été dévoilés) n’alimentent les critiques en illisibilité et confusion, souvent instruits dans le passé contre les dispositifs de la politique de la ville ».
Le projet de loi NOtre prévoit cependant que les départements devront contribuer au financement de la politique de la ville, et les régions devraient aussi être impliquées, comme elles l’ont parfois été pour le premier PNRU 1.
En résumé l’Etat a fixé le cadre global, il faut maintenant que chaque projet trouve sa concrétisation au niveau local, et le travail ne fait que commencer.
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