Pourquoi écrire un livre sur les idées fausses au sujet des fonctionnaires(1) ?
En raison de l’absence de discours gouvernemental sur la fonction publique. Nous avons bien une ministre qui s’exprime, mais pas de vision d’avenir. Alors que, pour sortir de la crise, le gouvernement se focalise sur le rôle des entreprises, la fonction publique devrait être au cœur des débats.
On entend aussi toujours de la part de certains un dénigrement très fort des fonctionnaires. J’ai été surprise de lire, dans certains grands quotidiens ces derniers jours, un tel acharnement. De l’idée que le système éducatif peine à réduire les inégalités, etc., on passe très vite à : « C’est la faute des fonctionnaires. » Le raisonnement est souvent le suivant : « Il y a des difficultés ; la fonction publique ne sait pas faire ; c’est la faute des fonctionnaires. »
Nous souhaitons affirmer que la fonction publique n’est pas poussiéreuse, qu’elle sait se réformer : éducation, révision générale des politiques publiques, modernisation de l’action publique…
La réforme territoriale devrait être l’occasion pour le gouvernement de mettre dans le débat la question des services publics dont nous avons besoin, de voir ce qui relève du service public, et comment ce service doit être rendu.
Avec ce livre, le but est également de rétablir quelques vérités notamment sur la sécurité de l’emploi et le coût des services publics. Les dépenses des collectivités par exemple, sont-elles superflues ou nécessaires pour que les Français vivent à peu près normalement ?
Le « fonctionnaire bashing » que vous dénoncez vient-il aussi de la majorité ?
Dans un contexte de finances publiques contraintes, je parlerais plutôt de concurrence entre ministères. Chaque fois qu’on parle de la fonction publique, c’est pour dire qu’il faut réduire les dépenses et le nombre de fonctionnaires. Cela renvoie l’image d’une fonction publique qui n’est pas forcément nécessaire. Or la France a besoin des services publics et de la fonction publique. Miser sur ça, c’est investir pour l’avenir, préparer la société de demain. Nous ne laisserons pas le gouvernement tranquille : nous voulons qu’il énonce son projet pour la fonction publique.
La campagne pour les élections professionnelles débute. Comment abordez-vous ce scrutin ?
Notre préoccupation numéro 1, c’est le taux de participation. Dans l’opinion publique, les syndicats sont désormais souvent mis dans le même bateau que les partis politiques. Nous devons à nouveau expliquer à quoi sert le dialogue social et marteler notre attachement à la fonction publique. Sans les agents, il n’y aurait pas des services publics qui fonctionnent bien.
Avez-vous un message pour les agents particulièrement inquiets avec la réforme territoriale ?
Il est important de s’intéresser aux territoriaux, qui entendent des remarques pas très justes sur les questions de doublons, etc. La réforme territoriale, ils la vivent de l’intérieur. Il y a de l’inquiétude mais aussi de la souffrance. Le gouvernement devrait s’appuyer sur leur expérience, écouter un peu mieux ce qui se dit sur le terrain. La réforme territoriale ne devrait pas être un débat entre élus et gouvernement uniquement.
Thèmes abordés
Notes
Note 01 « En finir avec les idées fausses sur les fonctionnaires et la fonction publique », Les Editions de l’atelier, sortie le 11 septembre. Retour au texte