Conclus par François Lamy, ministre délégué chargé de la politique de la ville, qui a précisé comment les habitants seraient associés aux reconfigurations prévues dans le projet de loi pour la ville et la cohésion urbaine, les Entretiens territoriaux de Strasbourg, organisés cette année à Lyon sur le thème « innovation et action publique locale » ont attiré 30 % de nouveaux participants sur près de 1 600 inscrits.
L’innovation, un impératif mais aussi un risque – « Innover devient un impératif social global. Aujourd’hui nous sommes dans une situation où tout est à réinventer », avait lancé Philippe Durance, professeur de sciences de gestion au Cnam, pour planter le décor, avant de souligner les ambiguïtés de l’innovation, à la fois processus et résultat, et ses résistances.
« Innover, c’est s’engager dans une démarche sans avoir la certitude d’atteindre son objectif », avait auparavant fait remarquer François Deluga, président du CNFPT, organisateur de ces rencontres, faisant référence à la prise de risques que les élus et cadres ont à assumer.
Le lieu était bien choisi. La future métropole lyonnaise a su passer, en quelques décennies, de l’industrie chimique à la haute technologie et prendre une stature internationale, comme l’avait rappelé le maire de Lyon, Gérard Collomb, en ouverture de ces seizièmes « ETS ».
Reconnaître à défaut de pouvoir mieux rétribuer – Parmi les différentes pistes abordées en ateliers, moins nombreux que les années précédentes, certaines ont suscité plus d’intérêt : quelles méthodes utiliser pour faire émerger la créativité des agents, comment manager autrement, par la reconnaissance, à défaut de pouvoir mieux rétribuer monétairement, comment former à l’innovation…
A ce titre, le retour d’expérience de la réorganisation du ministère de la sécurité sociale Belge autour de la recherche du bien-être des agents a intéressé autant qu’intrigué. Laurence Vanhee, « chief happiness officer », littéralement chef de service du bonheur, ou du contentement, expliquait comment un management collaboratif, qui privilégie la cohésion d’équipe, tout en s’appuyant sur les singularités et la confiance plutôt que sur les règles et le contrôle, peut produire de l’attractivité.
La proximité à réinventer pour répondre aux mutations des territoires – Sur la fabrique de nouveaux territoires, les directeurs généraux (DG) de services étaient nombreux à s’exprimer. Si la métropole lyonnaise et le « Nouveau Rhône » faisaient consensus, l’opposition au Grand Paris, en passe d’être voté, était portée à la tribune par Jacques Marsaud, DG de Plaine Commune, qui défendait l’idée d’une configuration multipolaire, ancrée sur différents territoires et seul moyen, selon lui, de limiter les exclusions.
Sur les mutualisations d’agents induites par les rapprochements et fusions de services et de collectivités, plusieurs ont souligné qu’il fallait retenir que l’objectif ne pouvait être seulement de faire des économies et qu’il était préférable de penser à mutualiser des collectivités aux compétences similaires. La réinvention de services de proximité était illustrée par la mutation engagée par le groupe La Poste qui, pour juguler la baisse de l’échange de courriers, tente de redéfinir le rôle de ses facteurs autour du lien social, notamment à la campagne.
La contribution des échecs au processus créatif – Dans chacun des ateliers, certains conçus comme des laboratoires ou autour de cas pratiques, il était rappelé l’intérêt des contraintes et des erreurs dans les processus créatifs et la mise au point de nouvelles solutions. Pour faire passer la culture, peu admise en France, de l’essai-erreur, des designers formés à la Cité du design de Saint-Etienne, à 40 kilomètres de Lyon, ont expliqué la façon dont ils conçoivent des prototypes ou se confrontent au terrain, aux usages et aux usagers.
Et parmi les « flops », celui de l’innovation financière et de la banque Dexia était analysé en plus petit comité.
« Innovations de rupture » versus « innovations incrémentielles » – L’innovation, ce n’est pas obligatoirement ce qui est nouveau, a synthétisé Philippe Durance en « clap de fin », insistant sur le fait que l’on peut innover sans forcément inventer, en accordant de la place à la mémoire, à la veille et aux pratiques, et qu’il y avait un risque à n’entrevoir que des solutions technologiques au détriment de solutions humaines. Et de souligner que les « râleurs » ont leur importance dans les processus de changement car ils contribuent à faire bouger les lignes, pour peu qu’on les écoute.
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