A la suite de la publication de la tribune de Valéry Molet, intitulée « Pourquoi il faut fusionner l’ENA et l’Inet » et aux réactions indignées de certains de mes collègues administrateurs territoriaux, je souhaite à mon tour intervenir dans ce débat intéressant. Ecartons d’emblée le faux argument budgétaire, bien que la fusion permettrait de substantielles économies de fonctionnement.
Irriguer davantage les administrations centrales – Le vrai argument réside dans la culture et la reconnaissance communes dont elle accoucherait. La fusion offrirait plus de fluidité entre les deux fonctions publiques et faciliterait la mobilité entre les corps et cadres d’emplois.
Pour les administrateurs territoriaux, l’enjeu est de taille puisqu’il pourrait leur permettre d’irriguer davantage les administrations centrales, en particulier lorsqu’elles se situent au cœur de leurs compétences.
La direction générale des collectivités locales (DGCL), qui gère les compétences et les finances locales, emploie 24 fonctionnaires de catégorie A +, dont seulement trois administrateurs territoriaux, tous rattachés à la sous-direction chargée des finances locales. Aucun administrateur ne travaille donc au sein de la sous-direction chargée des compétences et des institutions locales…
Qui peut soutenir que cette situation est normale et souhaitable ? Un recensement analogue serait, sans doute, tout aussi révélateur pour la délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP), la direction générale de la cohésion sociale (DGCS) ou la direction de la sécurité sociale (DSS).
Dialogue et efficacité – La mise en œuvre de la fusion devrait ensuite emprunter deux voies. Celle de l’unification des concours, les candidats étant simplement amenés à choisir au moment de leur inscription la fonction publique à laquelle ils se destinent, ce qui ouvrirait un choix particulier d’épreuves obligatoires et optionnelles pour le concours.
Puis, celle de l’unification de la scolarité, qui devrait être organisée en modules obligatoires communs (questions sociales, territoires, management et gestion publics…) et en modules optionnels (questions internationales, par exemple, pour la filière d’Etat).
Il résulterait de cette scolarité commune un esprit nouveau permettant un dialogue plus riche entre collègues et une plus grande efficacité de la fonction publique française.
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