Le président-fondateur de l’Association nationale des élus locaux pour la diversité (Aneld) Kamel Hamza avait le sourire, jeudi 20 septembre au soir. Le ministre du Redressement productif « nous a assuré que le fonds était majoritairement destiné aux banlieues, pour des créations ou du développement d’entreprises », a t-il confié, visiblement rassuré.
En juin dernier, Le Parisien avait pourtant affirmé que le gouvernement et l’ambassade du Qatar envisageaient de réorienter ce fonds vers l’aide aux petites et moyennes entreprises françaises.
L’Aneld, qui l’avait négocié uniquement pour les entrepreneurs des quartiers défavorisés, avait alors évoqué « un hold-up » et réclamé un rendez-vous d’urgence avec Arnaud Montebourg.
Un fonds élargi à toutes les zones déshéritées – « Il sera abondé par des fonds français pour devenir un fonds franco-qatari », a ajouté Kamel Hamza à l’issue de sa rencontre avec Arnaud Montebourg jeudi 20 septembre, sans pouvoir préciser toutefois le montant global.
Et pour cause, le ministère du Redressement productif a attendu lundi 24 septembre pour préciser que le fonds en question, dont les démarches engagées n’ont pas encore abouties, sera rapidement abondé par l’Etat mais aussi par des entreprises françaises ayant des intérêts économiques au Qatar.
Selon le quotidien Libération du même jour, « au moins 100 millions d’euros » viendraient ainsi alimenter ce fonds déployé pour « les territoires où il y a une vitalité économique mais où les investissements ne suivent pas », comme dans certaines banlieues mais également quelques zones rurales paupérisées.
« Nous restons toutefois vigilants parce que nous ne connaissons pas les modalités de la mise en place de ce fonds », ajoutait toutefois Kamel Hamza, par ailleurs conseiller municipal UMP à La Courneuve (Seine-Saint-Denis). Le doute est permis puisque, outre cette inclusion des zones rurales défavorisées, le dossier est passé des mains du ministre chargé de la politique de la Ville à ceux du ministre du Redressement productif…
L’association qu’il préside (Aneld) sera étroitement associée à la commission d’attribution, tout en sachant qu’Arnaud Montebourg devrait également inviter à la table l’Association des maires de France (AMF) ou l’Association des régions de France (ARF).
Pour rappel, Kamel Hamza et neuf autres élus locaux issus des banlieues parisiennes ainsi que des quartiers populaires de Roubaix et Marseille avaient sollicité l’aide de l’émir du Qatar, cheikh Hamad bin Khalifa al-Thani, à l’automne 2011.
« Le ressenti de la crise est décuplé en banlieue. A défaut d’attendre un geste en faveur de nos administrés, nous avions saisi l’opportunité qatarie. Nous sommes élus pour agir » se justifiait-il à l’époque.
50 millions d’euros qui avaient suscité la polémique – Ils étaient repartis de Doha avec la promesse initiale qu’une enveloppe de 50 millions d’euros – soit déjà 10% du budget global du ministère de la Ville, et plus d’un tiers des moyens alloués à la revitalisation économique – serait mise à disposition des jeunes entrepreneurs des cités, en manque de subsides pour financer leurs projets.
Le Qatar, émirat pas plus grand que la région parisienne, y voyait ainsi le moyen de gonfler son carnet d’adresses et de développer des relais d’influence, parmi ceux qu’ils considèrent être les futures élites françaises.
L’initiative avait toutefois été reportée avant l’élection présidentielle, afin d’éviter son instrumentalisation politique.
La présidente du Front national, Marine Le Pen, avait notamment accusé le Qatar (majoritairement sunnite) « d’investir massivement » sur une base communautaire dans les banlieues, où vivent de nombreux musulmans. Oubliant au passage, que le critère d’attribution n’était pas confessionnel mais territorial.
« Plutôt que fantasmer sur les intentions qataries, nous ferions mieux de nous interroger sur l’action de la politique de la ville : 0,15% du budget total de l’Etat, c’est bien insuffisant ! Mais appeler au secours des puissances étrangères n’est pourtant pas la solution pour réintégrer les banlieues dans la République Française… » avait, pour sa part, réagit le sénateur (PS) de Seine-Saint-Denis et ancien Maire de Clichy-sous-Bois, Claude Dilain.
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