Suspendu de ses fonctions, le 5 janvier, par le conseil général des Bouches-du-Rhône, le créateur du site Wikileaks 13 a tenté de mettre fin à ses jours samedi 8 janvier en se tailladant les veines à son domicile marseillais.
Si les jours du fonctionnaire territorial ne sont pas en danger, son geste a fait monter la tension d’un cran au sein de l’institution départementale, où Philippe Sion est employé depuis plusieurs années.
Cet ingénieur informatique, cadre A, avait mis en ligne, le 1er janvier, un site internet inspiré de la plateforme créée par le fondateur de Wikileaks, Julian Assange. Son objectif : « dénoncer ce qui est mal, ce qui est courbe et contraire à l’intérêt d’une ville magnifique et de ceux de tous ses habitants ».
L’ingénieur inscrivait explicitement son action dans le contexte des affaires judiciaires qui secouent depuis plusieurs mois les collectivités de la région marseillaise.
Dans l’une de ses premières éditions, Wikileaks13 avait notamment diffusé l’enregistrement de la séance de la commission administrative paritaire du conseil général qui s’était tenue le 14 décembre.
Estimant que les informations confidentielles ainsi divulguées étaient « susceptibles de porter atteinte à l’institution départementale ainsi qu’à des élus et fonctionnaires », Monique Agier, directrice générale des services du conseil général, avait aussitôt suspendu Philippe Sion pour « manquement au devoir de réserve », dans l’attente de la prochaine convocation d’un conseil de discipline.
La collectivité assure toutefois que l’informaticien « continue à percevoir sa rémunération et reste tenu à l’ensemble de ses obligations de fonctionnaire ».
La contre-attaque du conseil général – Vendredi 7 janvier, profitant des vœux à la presse du président (PS) de l’assemblée départementale, l’entourage de Jean-Noël Guérini distribuait aux journalistes la copie d’un courriel adressé par l’informaticien à un responsable de la collectivité territoriale.
Dans ce texte, Philippe Sion indiquait que si la mission de son choix ne lui était pas confiée à compter du 1er janvier, avec à la clé un budget de 300.000 euros, il mettrait en ligne le site Wikileaks13.
Dénonçant une « tentative de chantage », le conseil général rappelle, par ailleurs, que cet agent a « déjà été sanctionné à la suite de nombreux incidents au cours de l’année 2010 » et qu’une « succession de manquements professionnels (…) avait entrainé une première sanction, prononcée de manière définitive le 17 décembre ».
Refusant de commenter la tentative de suicide de Philippe Sion, un proche de Jean-Noël Guérini estime néanmoins que « l’affaire Wikileaks 13 pourrait également donner lieu à des poursuites judiciaires ».
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