Alors que de nombreuses mesures préventives et sécuritaires ont été adoptées ces dernières semaines dans le cadre de l’état d’urgence, les 1 200 Gardes Champêtres territoriaux – comme probablement l’immense majorité de leurs collègues, agents de la police municipale – se sentent aujourd’hui les laissés pour compte de la politique menée par le gouvernement.
Depuis la série des tragiques attentats qui ont endeuillés, non seulement Paris, mais toute la France, nous restons, en tant qu’acteurs au quotidien de la sécurité intérieure dans les territoires ruraux, potentiellement exposés aux risques d’agressions.
Nous qui jouons également le rôle d’« éclaireurs » des forces de sécurité de l’Etat et de surcroit, dépositaires d’une parcelle d’autorité publique, agréés, assermentés, investis de missions de police, sommes vulnérables aux atteintes envers notre intégrité.
Les Gardes Champêtres semblent visiblement pour le moins écartés de toutes dispositions sécuritaires préventives, notamment relatives à notre protection individuelle, à l’exception de celles nous donnant accès à une dotation de gilets pare-balles (GPB) – obtenus d’ailleurs, suite à notre propre intervention auprès du ministère. Comme si cela ne suffisait pas, nous nous trouvons apparemment exclus de tout autres projets en évolution.
Néanmoins, selon les dires du Président de la République, nous sommes bien aujourd’hui en état de guerre. L’état d’urgence est d’ailleurs instauré, nous en voyons d’ailleurs régulièrement rapportés dans la presse, les signes de son action et quelques-uns de ses résultats au travers les perquisitions administratives.
Les grands absents du renseignement
Néanmoins, sur le terrain, nous avons l’impression que tous les outils de la prévention ne sont pas exploités, comme par exemple celui inhérent à la recherche et à la collecte du renseignement. Pour les plus anciens, le renseignement était à la base de toute action efficace, et la recherche du renseignement était encore il y a de cela quelques années, inscrite dans les textes de nos missions policières et au décret organique qui fixait nos relations avec la Gendarmerie.
Pourtant, le renseignement qui a fait l’objet d’une loi spécifique en fin d’année, reste pour nous, aujourd’hui, notamment au niveau de sa collecte, une notion bien abstraite.
En effet, pour l’heure et depuis la mise en place du dispositif national actuel, accaparant à flux tendu, toutes les forces de sécurité de l’Etat, renforcées par certains organismes de sûreté privés, force est de constater qu’aucune directive précise émanant de notre ministère de tutelle ne nous y mentionne.
Hormis les consignes de sécurité et d’attention élémentaires, très peu de mes collègues me rapportent, une allusion quelconque de notre implication opérationnelle, dans le dispositif renforcé de la sécurité intérieure mis en place et en relation avec l’état d’urgence. Curieux ! Il en est de même, de la part des services de renseignement. Aucune prise de contact nous sollicitant ou organisant une mise en réseau quelconque, de la collecte de nos éventuelles informations, n’a été entreprise à ce jour.
Il est en effet regrettable que l’Etat se passe de toute une dynamique de proximité et des effectifs que nous représentons. Pourtant, combien y gagnerions-nous en terme d’efficacité et de prévention, si notamment l’ensemble des services de police territoriaux étaient mis en réseau et si des directives précises nous étaient données afin de pouvoir transmettre et à qui ( ?), certains de nos renseignements et informations, particulièrement dans le domaine sécuritaire.