L’imbroglio juridique et politique autour de la mise en œuvre de la métropole Aix-Marseille-Provence soulève des inquiétudes chez les 7 500 agents des six ex-EPCI qui ont changé d’employeur le 1er janvier dernier.
« Si nous avons obtenu des garanties quant au paiement des traitements fin janvier, nous ne savons pas vraiment ce qu’il adviendra en février, si l’exécutif métropolitain n’est pas pérennisé d’ici là », avance Patrice Ayache, le secrétaire général adjoint du syndicat Force ouvrière (FO) territoriaux des Bouches-du-Rhône, qui représente près de 40 % des agents métropolitains.
L’élection du président Jean-Claude Gaudin à la présidence d’Aix-Marseille-Provence a été annulée par le tribunal administratif de Marseille, le 7 janvier 2016. Mais le maire de Marseille, qui a fait appel de cette décision, demeure président jusqu’à la décision du Conseil d’Etat.
De son côté, le Conseil constitutionnel doit également répondre d’ici le 29 février prochain à la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) qui lui a été soumise concernant la composition du conseil métropolitain.
« Mesures temporaires »
En attendant, « des mesures temporaires » sont prises. Les directeurs de services des ex-EPCI disposent de délégations de signatures encadrées dans un arrêté qui leur permettent de gérer « les mesures conservatoires et d’urgence ».
Pour la gestion du personnel, l’arrêté couvre un périmètre large qui évoque aussi bien la mobilité des agents que les abandons de poste. Un arrêté qui prend fin le 31 janvier. « Sans ordonnateur, le comptable ne peut pas payer, s’inquiète Patrice Ayache. Or la querelle politico-judiciaire autour de l’élection de M. Gaudin prive la métropole de son pouvoir ordonnateur et jette le flou sur la suite ! » regrette le syndicaliste.
Vers de nouveaux arrêtés pour couvrir l’urgence
Le directeur général des services de la ville de Marseille, chargé de la coordination de la préfiguration de la métropole, Jean-Claude Gondard, ne voit aucune difficulté se profiler : « De nouveaux arrêtés seront pris à partir du 1er février afin de couvrir l’urgence », assure-t-il, précisant que les paies de janvier étaient d’ores et déjà « techniquement prêtes ».
Le préfet des Bouches-du-Rhône, Stéphane Bouillon, a adressé de son côté un courrier aux maires leur précisant que « la métropole dispose d’une administration unique à même d’assurer la continuité du service public, sous l’autorité du président du conseil de la métropole d’Aix-Marseille-Provence ».
En référence aux décisions de justice récentes, le préfet ajoute que « le président du conseil de la métropole est l’unique ordonnateur de la métropole », ce qui fait de lui « la seule autorité compétente pour mandater la paie des agents intercommunaux ».
Pour le représentant de l’Etat, « cette situation exceptionnelle ne remet pas en cause les pouvoirs propres du président, mais limite la capacité de décision de la métropole pour tout acte engageant l’avenir qui nécessiterait une délibération du conseil aux actes d’administration conservatoire et urgente ».
Les « marchés publics, d’investissement et d’emprunts » demeurent donc en suspens au moins jusqu’en mars prochain.
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