CC by Gagouou
L'inquiétude est forte au Cerema : en baisse, son budget a été adopté par le conseil d'administration in extremis. Mais si les baisses de crédits se poursuivent en 2017, l'avenir de l'établissement sera plus qu'incertain.
Ma Gazette
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Créé le 1er janvier 2014, et regroupant les huit centres d’études techniques de l’équipement (Cete), ainsi que le Certu, le Cetmef et le Setra, le Cerema est dans la tourmente. Après une longue année et demie de démarrage, l’établissement qui réunit 3000 agents avait présenté en juin dernier son projet stratégique.
Il annonçait un changement de culture pour les agents, puisqu’il était question de renforcer le partenariat avec les collectivités locales, et d’augmenter la part du budget consacrée à cette partie de l’activité du Cerema, de 5 à 10% du budget. Il était aussi question d’augmenter les ressources propres.
Une stratégie largement compromise par le budget annoncé pour 2016 pour l’établissement : la subvention pour charges de service public votée par l’Etat, qui représente l’essentiel du budget, est en baisse de 7,3 millions d’euros, avec 214 millions annoncés. Une baisse supérieure à la baisse de la masse salariale annoncée pour 2016 de 64 postes, due à des départs non remplacés.
Qui veut la mort du Cerema ?
« Si le budget évolue de la même façon en 2017, c’est l’existence même du Cerema qui est remise en question. Nous nous demandons quelle est la volonté de l’Etat en ce qui le concerne », met en garde Gaël Perdriau, maire (LR) de Saint-Etienne et président du Cerema, qui a décidé de voter le budget le 27 novembre dernier, pour éviter de mettre l »établissement dans de plus grandes difficultés.
Les organisations syndicales représentées au conseil d’administration ont refusé de voter le budget 2016, qui n’a été adopté que grâce à la voix prépondérante du président.
Pourquoi une baisse si forte et rapide du budget pour un organisme aussi jeune ? Le Gouvernement s’était engagé à une stabilité des moyens pour les deux premières années du Cerema, et semble désormais vouloir « rattraper » les crédits non amputés les années précédentes. La même tendance est d’ores et déjà annoncée pour 2017. Le projet stratégique du Cerema prévoit une hausse des ressources propres de l’établissement, issues des prestations réalisées pour le compte des collectivités ou autres partenaires, mais l’établissement a besoin de temps pour s’installer dans ce nouveau rôle.
Quelle place auprès des collectivités ?
"Nous ne pouvons pas à la fois assumer une hausse forte et rapide de notre budget, et un changement d’orientation en direction des collectivités locales", résume Gaël Perdriau.
En 2015, 5% du budget de l’établissement était dédié à des actions en direction des collectivités locales, un pourcentage qui aurait dû passer à terme à 10%. Mais cette hausse ne sera pas pour 2016.
Le président a constitué un groupe de travail avec des représentants des associations d’élus (ARF, ADCF, ADF, et AMRF), pour déterminer quels pourraient être les besoins des collectivités, et les moyens du Cerema pour y répondre.
Des appels à projets pourraient être lancés auprès d’elles sur certaines thématiques, avec un financement du Cerema. Mais pour le moment, les réflexions sont suspendues aux discussions budgétaires.
Le président a sollicité des rendez-vous auprès de ses ministres de tutelle, Ségolène Royal et Sylvia Pinel, et le conseil d’administration a d’ores et déjà annoncé qu’il refuserait de voter le budget en cas de reconduction, en 2017, de ces baisses de subventions.
Malgré le rôle historique important durant 40 ans dans l’aménagement du territoire, les CETE, devenus CEREMA risquent de connaître d’ici quelques années le sort funeste des subdivisions de l’Equipement et du SETRA déménagé à Sourdun (je laisse le lecteur rechercher cette commune).
Le rôle de l’ingénierie publique reste pourtant essentiel pour nombre de territoire dépourvu de cet appui technique sans recherche de rentabilité à tout prix. Si l’ingénierie privée a toute sa place dans l’aménagement des territoires, c’est bien en complémentarité de ce bureau d’études public.
Qu’en sera-t-il des référentiels techniques élaborés sur plusieurs décennies ? Qui contribuera à développer des méthodes expérimentales quelque soient les domaines de l’aménagement ?
Hélas, le temps n’est plus à la prédominance de l’intérêt public sur le long terme mais plutôt à la gestion du quotidien. Sous prétexte de la « dette publique », on supprime petit à petit toute forme de service public. Nos politiques qui se targuent de faire dans le « durable » ne sont plus que des comptables de l’instant. Au détriment des générations futures que l’on prétend servir.