Plutôt que le nombre de fonctionnaires, le sujet n’est-il pas leur localisation ? La répartition de l’influence de leurs compétences sur le territoire est en effet inappropriée aux besoins réels. La question devient alors : bénéficient-elles de manière équitable à tout le territoire ? Si les régions et les départements remplissent pour partie une mission correctrice, elles ne compensent pas la carence des communes ou intercommunalités rurales dans les domaines de l’urbanisme, du logement, de la création de services… sujets passés sous silence dans les décisions de l’Etat au moment de se retirer.
Une étude sur le « taux d’administration locale » montre qu’en moyenne il y a 1 agent pour 50 habitants dans les communes de plus de 50 000 habitants, contre 1 pour 180 dans les 18 000 communes de moins de 500 habitants. Aussi, faut-il agir pour une meilleure répartition de l’action des fonctionnaires et faire émerger aux côtés de la péréquation financière, encore souffreteuse, une péréquation technique. Notre pays forme de bons fonctionnaires territoriaux. Mais un trop grand nombre d’entre eux travaillent au seul développement urbain, phénomène davantage flagrant pour les cadres. Or le besoin d’un élu rural est indexé sur les ressources qu’il a d’amorcer un projet et de le concevoir « dans les règles de l’art » ou sur les compétences de ses agents souvent de catégories B et C dont beaucoup assument des missions au-delà de leur grade.
Il ne s’agit pas de les obliger à migrer contre leur volonté mais de créer, dans une démarche négociée (un assouplissement du régime de mise à disposition ?), un outil permettant aux territoires ruraux de conventionner avec l’agent et une collectivité « riche » des compétences indispensables sans qu’il soit nécessaire de créer un poste durablement. De plus en plus de médecins déconnectent leur lieu de vie, souvent urbain, de leur lieu d’exercice. Cela doit valoir pour d’autres ! Cette option ajouterait aux agents une corde à leur arc avec un surcroît d’expérience. Cette nouvelle voie répondrait aux besoins des maires ruraux de mener des projets d’aménagement indispensables et à ceux des villes et agglos de maîtriser les dépenses publiques, mais aussi aux agents d’enrichir leur parcours.