« La rue n’est pas une cour de récréation: tout peut arriver ». Des policiers ont enseigné mardi 14 mai à des collégiens parisiens les bons réflexes à adopter pour fuir racketteurs et prédateurs sexuels sur le chemin de l’école.
« A 10 ou 11 ans, les pré-ados sont candides et peu méfiants, ils ont beaucoup de mal à dire non quand un adulte s’approche d’eux », constate le brigadier Olivier Menjoulou.
Des jeux de rôle – Pour frapper les esprits, les policiers s’étaient glissés dans la peau d’agresseurs et ont observé les réactions des enfants appelés à participer à des jeux de rôle. « Le but est de les mettre dans des situations stressantes, mais pas de générer un sentiment de peur », explique le brigadier-chef Morgane Vigneron.
Dans le premier atelier, trois policiers font du chahut et brandissent une bouteille de vin rouge. « Allez les jeunes, vous avez pas de l’argent et ton portable, il est où ? », lancent les faux ivrognes à deux filles de 11 et 12 ans qui, intimidées, se font rapidement encercler.
Le brigadier Menjoulou aux collégiennes: « Ca boit, ça parle fort, il y a un danger potentiel: vous auriez dû traverser la rue pour les éviter », leur conseille-t-il.
Dans le second atelier, un policier incarne un pervers qui promet des jeux vidéos en échange d’un coup de main. Deux collégiens, surpris, s’arrêtent, entament la discussion et, sans s’en apercevoir, tombent dans le piège.
Les policiers ont détaillé aux enfants les réflexes à adopter dans certaines situations à risques: « Respecter une distance de courtoisie », « crier à l’aide pour déstabiliser l’agresseur », « se réfugier dans un commerce »…
De nombreux trajets seuls – « La plupart de ces enfants effectuent seuls de nombreux trajets à pied et en transport en commun pour se rendre à l’école et à leurs activités. Ils peuvent faire des mauvaises rencontres », estime la directrice du collège Rognoni Dominique Gaudot.
Cet établissement public a la particularité d’accueillir 256 enfants venus de toute la capitale et de la proche banlieue pour y suivre un enseignement scolaire couplé à des activités sportives et artistiques de manière intensive.
Nina, 12 ans, elle, a déjà « été suivie pendant un quart d’heure jusque chez elle ». « Par chance, ma mère est arrivée à ce moment-là », raconte-t-elle.
Certains des enfants ont été confrontés à des personnes qui voulaient leur voler leur portable ou leur argent sur le chemin de l’école ou près de chez eux.
« Il y a des délinquants qui gravitent autour des établissements scolaires et des parcs publics pour détrousser des collégiens aujourd’hui équipés de téléphones portables, et dans certains quartiers, de vêtements de luxe », explique le brigadier Vigneron. Pour lui, cependant, « le racket n’est pas banalisé dans les quartiers aisés de la capitale comme c’est le cas en banlieue ».
Les missions prévention et communication des commissariats parisiens organisent régulièrement des opérations de prévention au racket et aux addictions à destination des établissements scolaires.